Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAVALERIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 327).
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CAVALERIE. s. f. Corps de gens de guerre qui combattent à cheval. Equitatus. La Cavalerie françoise est distinguée en compagnies d’Ordonnances, Comme Gardes-du-Corps, Gendarmes, Chevaux-Légers, &c. & en régimens qui sont commandés par des Mestres-de-Camp ; & ce sont ces régimens seuls qu’on appeloit autrefois cavalerie-légère. Aujourd’hui on dit simplement cavalerie. Mestre-de-Camp d’un régiment de cavalerie. Les corps de cavalerie rangés en bataille s’appellent escadrons.

☞ Le Colonel-Général de la cavalerie est le premier Officier de la cavalerie qui la commande partout.

☞ Le Mestre-de-Camp Général a la même autorité pendant l’absence du Colonel-Général. Un Mestre-de-Camp de cavalerie, c’est celui qui commande un régiment de cavalerie.

Les Romains, dans leurs premières guerres, ignoroient l’usage de la cavalerie : ils faisoient consister toutes leurs forces dans l’infanterie : en sorte même que dans le combat ils ordonnoient à la cavalerie de mettre pied à terre, & ils ne reprenoient leurs chevaux que pour mieux suivre les ennemis quand ils etoient en déroute. La cavalerie de Pyrrhus les fit changer de sentiment, & surtout celle d’Annibal leur donna depuis de si grandes frayeurs, que ces invincibles légions romaines n’osoient descendre dans la plaine.

C’étoit la coutume de la cavalerie françoise (sous la Ie race, sitôt que l’armée étoit campée, d’abandonner les chevaux, & de les laisser aller paître dans les prairies, dans les campagnes & dans les bois d’alentour du camp, en leur attachant à chacun une sonnette au cou pour les retrouver plus aisément en cas qu’ils s’écartassent. P. Daniel, T. I, pag. 272. Depuis que dans la décadence de la maison Carlovingienne les fiefs furent devenus héréditaires dans les familles, les armées de la nation, quelque nombreuqss qu’elles fussent, n’étoient presque que de cavalerie. Un jour de bataille on ne comptoit que sur les Cavaliers. Leurs armes offensives étoient la lance & le sabre : pour armes défensives, au-lieu de jaques de mailles, dont on s’étoit servi long-temps, ils prirent vers l’an 1300 une cuirasse, des brassars, des cuissars, des jambières & des gantelets. Non-seulement les Cavaliers étoient armés de toutes pièces, mais leurs chevaux étoient bardés, c’est-à-dire, couverts d’une armure, de sorte que ces escadrons paroissoient être tout de fer. Le Gendre. On disoit autrefois, par manière de proverbe, cavalerie françoise, infanterie espagnole : aujourd’hui la cavalerie & l’infanterie françoise ont une égale réputation de bravoure.

On appelle art de cavalerie, l’art du Manège, ou l’art de dresser les chevaux, & d’instruire les Académistes à les monter. Avant Antoine Pluvinel, on ne connoissoit point l’art de la cavalerie en France. Ce fut ce fameux élève de Jean-Baptiste Pignatelli qui en ouvrit le premier pleine Académie fous le règne de Henri IV, après avoir été Ecuyer de Henri III. La Brue, fon contemporain & élève du même Maître, est le premier qui ait écrit en françois de l’art de la cavalerie. M. de la Guérinière a fait un bel ouvrage sur cette matière, qu’il a intitulé Ecole de cavalerie. Avant lui, M. de Soleisel, Auteur du Parfait Maréchal, avoit fait un Dictionnaire de tous les termes de la cavalerie. L’art de la cavalerie n’est pas ancien. Il doit son origine à la ville de Naples, d’où étoit Frédéric Grison, le premier qui ait écrit sur cette matière au commencement du seizième siècle.