Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAUCHEMAR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 329).

CAUCHEMAR. s. m. Il y en a qui écrivent canchemare, d’autres chaussemare, d’autres cochemar, & d’autres cochemare. Tout cela est, je crois, fort indifférent, si ce n’est que chaussemare est le moins bon, cochemar ou cauchemar le meilleur. ☞ Nom qu’on donne à une certaine maladie qui attaque ordinairement les personnes qui sont couchées sur le dos, qui ont l’estomac chargé d’alimens lourds & difficiles à digérer. C’est une espèce d’oppression qui survient pendant le sommeil ; en sorte qu’on croit avoir l’estomac chargé d’un poids considérable dont on est délivré, quand on est éveillé. Ephialtes, incubus. Cette maladie ne vient pas, comme on le prétendoit autrefois, de vapeurs grossières qui remplissent les ventricules du cerveau : il y a plus d’apparence qu’elle est causée par une trop grande réplétion de l’estomac, qui empêche le mouvement du diaphragme, & par conséquent, la dilatation de la poitrine ; & c’est pour cette raison aussi qu’on y est plus sujet, après qu’on a trop mangé, & qu’on est couché sur le dos. Plusieurs croient avec fondement qu’elle est encore produite par la convulsion des muscles de la respiration. On l’appelle en grec, ἐφιάλτης (ephialtês), chez les Latins, incubus.

On dit d’un homme ennuyeux & incommode, que c’est un homme qui donne le cauchemar. Acad. Fr.