Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CATON

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 325-326).

CATON. s. m. Cato. nom propre. Caton d’Utique, Caton, le Censeur. Tertullien adressant la parole aux Païens à la fin du XIe chapitre de son Apologétique, leur dit : Qui d’entre vos Dieux a été plus grave & plus sage que Caton ? Quis ex illis Diis vestris gravior & sapientior Catone ? C’est la vingt-septiéme façon de parler proverbiale, au-devant des Œuvres de Tertullien. On y cite un passage du Livre de Cicéron, de l’amitié, n. 9, dans lequel Lælius parle ainsi à Fannius. Ou il n’y a Jamais eu d’homme sage, ou, s’il y en a eu quelqu’un, ç’a été Caton. Aut nemo, aut si quisquam, ille sapiens suit. Mais dans l’usage, c’est un nom qu’on donne à un homme sage, sevère, modeste, retenu. Faire le Caton, affecter d’être sage. Il étoit surpris de le voir si sage & si modeste à la Cour ; parce que l’ayant vû, il y avoit quelque temps en Province, il ne lui avoit pas paru si Caton. Mlle l’Héritier.

Caton le Censeur & Caton d’Utique étoient fort renommés dans l’Histoire pour leur intégrité. Ce qui a fait dite à Juvénal, Sat. 2, v. 39.

Habeat jam Roma pudorem :
Tertius è Cœlo cecidit
Cato.

« Les Romains vont être sages : voici un troisième Caton qui leur est tombé du Ciel. » Martignac. J’enrage quand je vois des jeunes gens comme cela faire les Catons devant des barbons comme nous. On appelle cela justement : Apprendre à son père à faire des enfans, & : gros Jean qui remontre à son Curé. Poisson sous le nom de Crispin, Sc. 8, p. 15, du Prologue du Coquet trompé, Comédie de Baron.