Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CATHOLICON

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 323-324).

CATHOLICON. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un électuaire mou, ainsi appelé comme qui diroit universel, où purgeant toutes les humeurs. Catholicum medicamentum. On en trouve chez les Auteurs différentes descriptions. Le catholicon qu’on appelle ordinairement de Nicolas est le plus en usage : il est composé de seize ingrédiens dont les principaux sont les tamarins, la casse, le sené & la rhubarbe. Ce catholicon est appelé double, lorsqu’on y met double poids de sené & de rhubarbe. On lui donne aussi le nom de catholicon fin, parce qu’on y met du sucre blanc & de la meilleure rhubarbe. Le catholicon pour les clystères ne diffère du précédent qu’en ce qu’il n’y entre point de rhubarbe, & qu’au lieu de sucre on y met du miel.

Catholicon : est aussi le nom d’une Satyre ingénieuse faite du temps de la Ligue ; intitulée Satyre Menippée de la vertu du Catholicon d’Espagne, & de la tenue des Etats de Paris. On y montre que les intérêts des Chefs de la Ligue étoient tout autres que ceux de la Religion. Le Catholicon d’Espagne n’est pas l’ouvrage d’un seul homme. M. Le Roi, Aumônier du jeune Cardinal de Bourbon, & depuis Chanoine de l’Eglise de Rouen, composa & mit au jour en 1593 la vertu du Catholicon d’Espagne. Cet écrit étoit fort court, & fut distribué cette année-là en feuilles brochées. Dès qu’il parut chacun en fut charmé, & les beaux-esprits de ce temps-là se piquèrent d’y mettre la main & de l’augmenter, ou plutôt d’y joindre une féconde pièce, sous le titre d’Abrégé des Etats de la Ligue convoquée au dixième février. Passérat & Rapin, deux Poètes fameux en composèrent les vers. M. Gillot Conseiller-Clerc au Parlement de Paris, & Chanoine de la Sainte Chapelle, fit la harangue du Cardinal Légat. Florent Chrétien composa celle du Cardinal Pellevé. On est redevable au savant Pierre Pithou, de la harangue de M. d’Aubray, qui est la meilleure de toutes. L’on doit encore à Rapin la harangue de l’Archevêque de Lyon, & celle du Docteur Rose. C’est ce même Nicolas Rapin qui prit le soin de recueillir toutes ces harangues, & d’en composer un corps qu’il joignit Catholicon d’Espagne ; sur ce fondement plusieurs lui ont attribué le Catholicon tout entier. Cette féconde partie du Catholicon ne fut imprimée qu’en 1594, après le retour du Parlement, qui avoit été transféré de Paris à Tours. La première édition du Catholicon d’Espagne par M. Le Roi en 1593, ayant été bientôt distribuée, on ne l’imprima plus qu’avec la tenue des Etats en 1694 ; mais le Libraire mit la date du Catholicon seul 1693 ; au lieu de 1694, qui est la véritable date de la Satyre Ménippée. La meilleure édition est celle de Ratisbonne chez Matthias Kerner 1694, in 16. Les Notes qui s’y trouvent sont tirées d’un Manuscrit de M. Dupui, Garde de la Bibliothèque du Roi. Vigneul Marv. tom. II, p. 208 & suiv.

J’ai encore ouï appeler Catholicon d’Espagne une estampe qui fut faite dans le même temps, & qui représente l’armée ou les troupes de la Ligue, composée non-seulement de Soldats & de Bourgeois, mais encore de toutes sortes de Prêtres, d’Ecclésiastiques, de Religieux & de Moines, la cuirasse sur le dos, le casque en tête avec le froc, & armés d’épées, de pertuisanes, de mousquets, &c.

Catholicon. s. m. C’est en termes de Layetier, en général, une Boîte de 15 pouces de long, 10 de large, & 8 à 9 de haut. Encyc.