Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CATHERINE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 322).

CATHERINE, s. f. Nom de femme, prononcez Catrine. Catharina. Sainte Catherine, Vierge d’Alexandrie, martyre sous Maximin, étoit très-savante, si l’on en croit les actes de sa mort, qui sont fort suspects. Elle disputa contre cinquante Philosophes, & les vainquit par la force de ses raisonnemens. C’est pour cela que dans les Collèges les Etudians de Philosophie, prennent sainte Catherine pour leur Patrone. On n’a rien de certain touchant sainte Catherine. Les faits que l’on a de sa vie & de son martyre sont supposés. On n’a point parlé de cette Sainte avant la fin du VIIe siècle, ou au commencement du suivant. Sainte Catherine de Sienne, du tiers Ordre de S. Dominique vivoit au XIVe siècle. Catherine de Médicis, Reine de France, fille de Laurent de Médicis, femme de Henri II, mere de François II, Charles IX & Henri III, eut, pour le malheur de la France, trop d’ambition & trop peu de piété, ou peut-être de religion.

On prétend que ce nom a été fait en Occident par abréviation de celui que lui donnoient les Grecs Aicatharine.

On appelle la sainte Catherine, le jour de la fête de cette Sainte, le temps auquel elle vient.

Catherine (Ordre de sainte) du mont Sinaï. Equestris Ordo sanctœ Catharinœ. Après que le corps de sainte Catherine eut été trouvé sur le mont Sinaï, il s’y fit un fort grand concours de Pèlerins, que la dévotion y attiroit. Pour faciliter ce pèlerinage peu sûr parmi les Arabes, on établit en 1063 un ordre de Chevalerie à l’imitation de celui du S. Sépulcre ; il fut mis sous la règle de S. Basile, & sous la protection de sainte Catherine, qu’il prit pour Patrone. Les Chevaliers s’engageoient par vœu à suivre la règle de S. Basile, à garder le corps de sainte Catherine, à pourvoir à la sûreté des chemins en faveur des Pèlerins, à défendre l’Eglise Catholique, & à obéir au Grand-Maître de l’Ordre. Leurs constitutions furent tirées de celles de l’Ordre du saint Sépulchre. Ils portoient sur un habit blanc les instrumens du martyre de leur sainte Patrone ; c’est-à-dire, une demi-roue armée de pointes tranchantes Se traversée par une épée teinte de sang. Voyez la description des Ordres Militaires, imprimée à Paris en 1671, & l’Abbé Justiniani, Historia di tutti gl’Ord. Milit. Tom. I, c. 19. Cet Ordre est éteint, aussi bien que celui du saint Sépulchre. Comme les Cordeliers de Jérusalem se sont arrogé le droit de conférer celui-ci, les Moines Grecs Basiliens du mont Sinaï donnent celui-là. La bannière de l’Ordre représentoit d’un côté les armes dont nous avons parlé, & de l’autre le martyre de sainte Catherine, où cette sainte est entre deux roues, armées de pointes & de couteaux tranchans.

Les Auteurs ont donné dans deux erreurs au sujet de cet Ordre, qui ne fut institué que l’an 1067, selon quelques Auteurs, & en 1063, selon d’autres ou même dans le douzième siècle, comme le croit le P. Hélyot. La première erreur est de Forvyn, qui dit que les Chevaliers de sainte Catherine portoient par dessus la croix de Jérusalem les marques du martyre de cette Sainte ; savoir, une roue percée, à six raies de gueules clouées d’argent, comme il l’a fait graver dans son Théâtre d’honneur & de Chevalerie mais il n’a pas fait réflexion que M. Daubray, de qui il avoit emprunté la croix, étoit non-seulement Chevalier de sainte Catherine, mais encore du saint Sépulcre. La seconde erreur est de Schoombeck, qui prétend que les Religieux de S. François ont le pouvoir de faire des Chevaliers de sainte Catherine, ce qui est faux. Voyez le P. Hélyot, T. I, C. 35.

La Congrégation de sainte Catherine de Sienne est une Réforme de l’Ordre de S. Dominique, faite vers la fin du seizième siècle, par le P. Paulin, Bernardin de Luques, qui la commença dans le Royaume de Naples, sous le nom de Congrégation de l’Abruzze de sainte Catherine de Sienne. P. Hélyot., Tom. III, C. 26.

Catherine. (Sainte) Nom d’une espèce de bonnes prunes. Les Sainte Catherine sont du nombre de celles qui ont la chair fine, tendre & bien fondante, l’eau fort douce & fort sucrée, & le goût relevé. La Quint. Les Sainte Catherine sont longuettes, blanches, jaunâtres, assez grosses, & bonnes en pruneaux. Id. On voit que ce nom ne change point au pluriel. La prune de Sainte Catherine en espalier, bien exposé en bon fond, est un excellent fruit, pourvu qu’on lui donne le temps de mûrir, tellement qu’elle en devienne ridée autour de la queue.