Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CASUEL, GASUEL ou CASOAR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 312).
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CASUEL, GASUEL, ou CASOAR. s. m. C’est le plus grand & le plus massif des oiseaux que l’on connoisse après l’autruche, qui n’est connu en Europe que depuis l’an 1597, où il fut apporté de Java par les Hollandois. On a fait à l’Académie des Sciences la dissection d’un Casuel, qui a été quatre ans à Versailles. En voici la description tirée des Mémoires de M. Perrault. Il avoit cinq pieds & demi de long depuis le bec jusqu’aux ongles ; la tête & le cou d’un pied & demi ; le plus grand des doigts de cinq pouces ; l’ongle seul du petit doigt de trois pouces & demi. Les plumes qui le couvroient ressembloient mieux au poil de l’ours ou du sanglier, qu’à des plumes ou à du duvet, tant les fibres en étoient grosses.

Ces plumes étoient toutes de même espèce. Il y en avoit de doubles, de longueur inégale, qui alloient jusqu’à quatorze pouces. Son cou étoit sans plumes comme celui d’un coq d’Inde. Ses aîles étoient si petites qu’elles ne paroissoient point, étant cachées sous les plumes du dos. Elles n’avoient pas trois pouces de long. Ses plumes jetoient chacune cinq gros tuyaux sans aucune barbe & croient de longueur différente comme des doigts. Le plus long avoit onze pouces, ayant trois lignes de diamètre vers la racine. L’autre extrémité, au lieu d’être pointue, paroissoit rompue ou rongée. Leur couleur étoit d’un noir fort luisant. Il n’avoit point de queue, mais un croupion extraordinairement gros, couvert de plumes comme le reste. Sa tête petite avoit une crête haute de trois pouces comme un casque, dont la circonférence croit formée en tranchant, luisante & polie comme de la corne. L’extrémité de son bec étoit fendue en trois comme le coq indien, marquetée de deux taches vertes, le reste étant gris brun. Il avoit une troisième paupière interne, & deux appendices charnues au bas du cou, semblables à ceux des poules. Ses jambes grosses, fortes & droites, avoient des écailles hexagones, pentagones & carrées. Ses ongles étoient noirs en dehors si blancs en dedans. Cet oiseau se nourrit de légumes & de pain, & il avale comme l’autruche tout ce qu’on lui présente, quoiqu’il n’ait point de gésier. Sa langue est dentelée, quoiqu’Aldrovandus dise qu’il n’a ni aîles ni langue. Ses aîles lui aident plutôt à fraper qu’à marcher, & Clusius dit qu’avec les pieds il brise des troncs d’arbres gros comme la cuisse. On l’appelle Ême dans les Indes.