Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CARPÉE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 281).

CARPÉE. s. f. Carpæa, du grec Καρπαία. C’étoit une espèce de danse, ou d’exercice militaire, en usage chez les Ænianes & les Magnésiens. J’ai dit, & d’exercice militaire, car la carpée consistoit en ce que deux hommes armés contrefaisoient l’un un Laboureur, & l’autre un voleur. Le Laboureur mettant bas ses armes semoit, ou faisoit semblant de semer, puis prenoit les bassins de sa charrue, & labouroit son champ, regardant sans cesse de tous côtés en homme inquiet, & qui craint d’être surpris. Le voleur en effet paroissoit ; le laboureur alors quittoit sa charrue, prenoit ses armes, & combattoit pour défendre ses bœufs. Tout cela se faisoit au son de la flûte & en cadence. Tantôt le laboureur, & tantôt le voleur étoit vaincu. Quand le voleur vainquoit, il emmenoit les bœufs du laboureur. Xénophon parle de la carpée dans le Festin de Seutas le Thrace. Voyez aussi Scaliger le pere, Poet. L. I, c. 18. C’étoit apparemment un exercice institué pour apprendre & pour accoutumer les paysans à se défendre contre les incursions des brigands, ou de l’ennemi, comme on tire l’oiseau en France, pour accoutumer le peuple aux exercices de guerre.