Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CARMENTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 276).
CARMIN  ►

CARMENTE ou CARMENTIS. s. f. Carmenta, Carmentis. C’est le nom d’une Prophétesse d’Arcadie, mère d’Evandre, avec lequel elle vint en Italie, où ils furent favorablement reçus du Roi Faunus 60 ans avant la guerre de Troye. Elle fut ainsi nommée en Italie à carminibus : c’est-à-dire, des vers ou prophéties qu’elle faisoit, car son nom propre étoit Nicostrate. Il y avoit à Rome une porte de son nom & une fête à son honneur. Son Histoire est décrite par Denys d’Halicarnasse, par Aurélius Victor, & par Plutarque dans Romulus, par Vigenere sur Tite-Live, T. I, p. 709 & 918, & par Vossius, De Idol. L. I, c. 12. On la représentoit jeune & vigoureuse, & les cheveux épars & en désordre. Id. L. IX, c. 38. Carmente, autrement Nicostrate & Thémis, ou la fatalité & Thémis, que les Grecs appellent Εἱμαρμένη, fut fille d’Ionius, Roi des Arcadiens. Elle eut Evandre de Mercure, comme dit Virgile, environ 60 ans avant la guerre de Troye : elle s’en vint en Italie avec son fils.

Carmente fut ainsi appelée, dit Vigenere, de carens mente, c’est-à-dire, hors de sens, hors de soi-même, à cause de l’enthousiasme où elle entroit souvent. D’autres prétendent que son nom vient de carmen, parce qu’elle faisoit ses prophéties en vers : mais Vigenere soutient au contraire que carmen, vient de Carmenta.