Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CARILLON ou CARRILLON

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 269).

CARILLON ou CARRILLON. s. m. son de cloche avec une espèce de cadence & de mesure qui se fait en témoignage de réjouissance aux jours des fêtes de l’Eglise, ou de quelque joie publique. Numerosus & modulatus æris campani sonitus.

Le jour que naquit Chastillon,
On sonna double carillon
Par tous les clochers de Cythère. Voit.

On appelle aussi carillon, un bon nombre de petits timbres de différentes grosseurs, ou de petites cloches qu’on fait sonner avec un bouton de fer, ou avec un clavier, soit qu’on le touche à la min, soit qu’il se meuve par machine avec un tambour. Le carillon de la Samaritaine. Les carillons de Flandres sont composés de trente ou quarante timbres qui font les mêmes tons, degrés & intervalles de musique, que les tuyaux des orgues ; aussi les fait-on sonner en frapant sur les touches d’un gros clavier, & on en fait d’agréables concerts. Autrefois le carillon étoit la même chose que le tocsin ; car on sonnoit dans les réjouissances, de même que dans les alarmes : d’où vient que quelques Auteurs appellent le carillon, pulsatio terroris.

Carillon, se dit aussi de l’horloge qui sonne différens aires.

Carillon, se dit aussi figurément & familièrement, pour crierie, grand bruit, tapage. Clamor immodicus, vociferatio. Quand ce mari va au cabaret, sa femme fait un beau carillon.

Carillon des verres, se dit par métaphore dans la débauche, en style familier, bachique, en parlant du bruit que font les verres, lorsqu’on les choque.

On dit proverbialement, qu’un homme a été battu, fouetté, étrillé à double carillon ; pour dire, fortement & outrageusement.

On appelle fer de carillon, un petit fer qui n’a que 8 à 9 lignes en carré.