Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPROTINE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 244).
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CAPROTINE. adj. f. & épithète que les anciens Romains donnoient à Junon & aux Nones du mois de Juillet. Caprotina. Après l’invaison des Gaulois, les peuples voisins de Rome croyant que la République étant épuisée, ils pourroient aisément se rendre maîtres de la ville, vinrent l’attaquer sous la conduite de Lucius Dictateur des Fidénates. Il fit demander aux Romains leurs femmes & leurs filles. Les esclaves par le conseil d’une d’entrelles, nommée Philotis, prirent les habits & les ornemens de leurs maîtresses, & allèrent se présenter à l’ennemi, le Général les prenant pour les Romaines qu’il avoir demandées, les distribua aux Capitaines & aux Soldats. Elles feignirent de célébrer ce jour-là une fête, & les excitèrent à y prendre part, à se réjouir & à bien boire. Puis quand ils furent ensevelis dans le sommeil, elles donnèrent le signal à la ville de dessus un figuier sauvage, nommé en latin caprificus. Les Romains aussi-tôt fondirent sur leurs ennemis, remplirent le camp de carnage, récompensèrent le service de leurs esclaves en leur accordant la liberté, & une somme d’argent pour se marier, instituèrent une fête à Junon, qui, en mémoire du figuier sauvage du haut duquel le signal avoit été donné, fut surnommée Caprotine, & le jour que Rome fut ainsi délivrée, qui étoit les Nones de Juillet, fut appelé Nones caprotines, ou du figuier.