Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPRICORNE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 243).
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CAPRICORNE. s. m. C’est un des signes du Zodiaque, ou quand le soseil est arrivé, il est au Solstice d’hiver. Capricornus. Cette constellation est composée de 28 étoiles. Macrobe a cru que ce signe avoit été nommé Capricorne, parce qu’il imite en quelque sorte la nature des chèvres, qui en paissant grimpent toujours de bas en haut. De même le Soleil en entrant dans ce signe, commence à monter de bas en haut. C’étoit chez les Anciens le 10e signe du Zodiaque, & quand le soleil y arrivoit, il faisoit le solstice d’hiver, par rapport à notre hémisphère, & commençoit à retourner au tropique Méridional vers la ligne. Quelques-uns en parlent encore de même ; mais les Astres ayant avancé vers l’Orient d’un signe entier, le Capricorne n’est plus que l’onzième, & c’est à l’entrée du soleil dans le Sagittaire, & non plus dans le Capricorne, que se fait le solstice. Cependant on parle toujours de la même manière que les Anciens, quoique les choses aient changé ; & l’on appelle le Tropique du Capricorne, comme si ce signe touchoit encore au point du solstice. Ce signe est représenté ayant la partie supérieure d’un bouc, & la partie inférieure d’un poisson c’est-à-dire, en queue de poisson le plus souvent entortillée, & quelquefois droite : ces figures se trouvent sur plusieurs monumens antiques, sur des cachets, comme on le peut Voir dans Gorlæus, n. LXXXV & LXXXVII, sur plusieurs médailles, entr’autres sur quelques-unes d’Auguste. M. Patin en a fait graver quelques-unes dans son Suétone, pages 80 & 139. C’est la forme d’un Ægipan. Voyez ce mot ci-dessus. On peint aussi le Capricorne simplement sous la forme d’un bouc.

Suétone dit in Octavio, ch. 94, qu’Auguste fit graver la figure du Capricorne sur les médailles, parce qu’il étoit né sous ce signe, & en conséquence d’un horoscope avantageux que Théogene lui en avoit tiré, lorsqu’il étoit à Apollonie, quelque temps avant la mort de Jules. On n’accorde pas trop cela avec ce que dit le même Suétone, ibid. cap. 5, que ce Prince naquit le 9e jour avant les Kalendes d’Octobre, c’est-à-dire, comme Dion le témoigne aussi dans son 56e Livre, le 23e de Septembre, un peu avant le lever du soleil, dit encore Suétone. De plus, Auguste mourut le 14e des Kalendes de Septembre, ou le 19 d’Août. Suétone, ibid. cap. 100. Dion, Liv. LVI ; ayant, selon Suétone, 76 ans moins 55 jours, ou selon Dion, 75 ans, dix mois, 26 jours. Il faut donc qu’il fut né le 23e de Septembre. Cependant le 23e de Septembre, un peu avant le lever du soleil, le Capricorne étoit au méridien des Antipodes, comment donc Auguste étoit-il né sous ce ligne ? Scaliger, De emend. Temp, Lib. II, cap. 2, & le P. Petau, De Doct. Temp. Lib. X, cap. 64, & Lib. XI, cap. 6, disent que Suétone s’est trompé. M. Babelon, Auteur du Commentaire à la Dauphine sur Suétone, a trouvé un moyen très-naturel de concilier Suétone avec lui-même. Il dit que Théogene ne prit point le thème de la naissance, mais celui de la conception d’Auguste. Or ce Prince étant né le 23e Septembre, jour auquel le Soleil entroit dans le Capricorne, moment, dit Julius Firmicus, VIII Mathet. très-heureux dans un horoscope & qui ne promet pas moins que des Sceptres & des Empires.

La Fable dit que ce Capricorne est Pan, qui, à l’arrivée du Géant Typhon dans l’Egypte, fut saisi d’une telle crainte, qu’il se changea le haut en bouc, & le bas en poisson, & que Jupiter, surpris d’une pareille métamorphose, le transporta dans le Ciel. On peut voir sur cet Astre le CieL Astronomique de Cæsius, pag. 89, & Saumaise sur Solin. page 1237.