Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPOUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 241).
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CAPOUE. Ville archiépiscopale du Royaume de Naples. Capua. Capoue est ancienne. Diodore dit qu’elle fut bâtie sous le Consulat de M. Genucius, & de Curtius Chilo, que les fastes de Pighius mettent à l’an de Rome 308 ; ceux d’Onuphrius à l’an 309, & la Chronologie imprimée à la fin de Diodore, l’an 310. On ne convient pas de son fondateur. Sempronius, en la division d’Italie, l’attribue aux Hétrusques, par qui elle fut appelée d’abord Osque, & puis Capoue. Caton dit la même chose. Diodore dit que ce furent les Osques qui la bâtirent. Virgile, Enéïde, L. X, v. 145. Suétone, in Jul.Cæs. c. 81. Pline, L. III, c. 5, & Silius Italicus, Lib. XI, disent qu’elle fut bâtie par Capys, compagnon d’Enée. Festus nous apprend que quelques-uns rapportoient ce nom à l’augure d’un faucon, dit en Grec Capys, parce qu’il a les pieds recourbés ; & d’autres aux plaines dont ce pays est rempli. Tite-Live écrit, Liv. IV, c. 37, qu’elle s’appeloit d’abord Vulturne, Vulturnus, du nom du fleuve sur lequel elle est située ; qu’ayant été prise par les Samnites sous le Consulat de C. Sempronius Atratinus, & de Q. Fabius Vibulanus, Capys, chef des Vainqueurs, la nomma Capoue de son nom ; ou, ce qui paroît plus probable à Tite-Live, parce qu’elle étoit dans une plaine. Strabon croit que ce nom lui fut donné parce qu’elle étoit Capitale des douze Villes de la Campanie, Caput Campaniæ. Capoue fut toujours une ville très-débauchée ; Tite-Live, L. XXIII, c. 4. Ciceron l’appelle le domicile de l’orgueil, & le siége de la débauche, Orat. 15, n. 96. Ce furent les délices de Capoue qui corrompirent Annibal & son armée, & qui sauvèrent les Romains. Jules César envoya une Colonie à Capoue quelque temps avant sa mort. Suétone le dit, C. 81. Vigenere traite exactement de cette Ville, dans son César & dans son Tite-Live. Capoue étoit une ville très-considérable, digne d’être comparée à Rome & à Carthage. Cicéron dit qu’autrefois elle passoit pour une seconde Rome. Aujourd’hui cette ancienne Capoue n’est plus qu’un village que les Italiens nomment S. Maria Magiore, ou delle Gratie, Sainte Marie Majeure, ou Sainte Marie des Grâces. On y voie de très-beaux restes de son ancienne splendeur.

La Nouvelle Capoue est encore la capitale de la Campanie, ou, comme on l’appelle maintenant, de la terre de Labour. Elle a un Archevêché qui fut érigé par Jean XIII en 968. Capoue a eu titre de Principauté, & l’on trouve des Princes de Capoue parmi les fils des Rois de Sicile. Capoue n’est pas aujourd’hui au lieu où étoit l’ancienne Capoue, mais à deux milles plus au Nord, à l’endroit où étoit autrefois Casilium. C’est le Comte Laudon, & l’Evêque Dandulphe qui l’y transportèrent. On peut consulter sur cette ville Cluvier, Ital. Ant. Lib. IV, p. 1174, & Leand. Descript. Ital. p. 164. Vigenere sur César & sur Tite-Live.