Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPILLAIRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 233).

CAPILLAIRE. s. m. Capillus veneris, ou Adiantum. Plante qui a pris son nom, ou par rapport à la couleur noire & lisse de ses tiges, ou parce qu’on se servoit autrefois du Capillaire pour empêcher la chute des cheveux. Le Capillaire qu’on nomme Capillaire de Montpellier, à cause qu’on en trouve beaucoup dans les environs de cette ville, a ses racines rampantes comme celles du polypode, chargées de quelques fibres noirâtres, couvertes de plusieurs membranes fines & roussatres. Ses tiges sont droites, menues, arrondies, hautes de six à sept pouces, brunes, noirâtres, luisantes, & branchues à leurs extrémités. Chaque branche est chargée de petites feuilles ou pinnules alternes, comme triangulaires, sêches, vertes, soutenues par une petite queue du côté de la pointe de son angle, & garnies sous les replis de leurs marges d’un sillon, qui dans sa maturité donne une poussière fort fine. Le Capillaire de Canada se distingue de celui de Montpellier par la grandeur de toutes ses parties. Ses tiges sont brunes, & longues de plus d’un pied. On apporte de Canada une grande quantité d’un Capillaire commun. On se sert du Capillaire de Canada au défaut de celui de Montpellier ; & dans les Provinces qui ont des ports sur l’Océan, on n’emploie pas d’autre Capillaire que celui de Canada. Le Capillaire s’appeloit anciennement les cheveux de Vénus, On en fait un syrop pectoral, & Montpellier autrefois fournissoit presque toute l’Europe de syrop de Capillaire. On prend le Capillaire en guise de thé, pour plusieurs maladies du foie & du poumon. On met le Capillaire dans les bouillons & les tisanes rafraîchissantes, apéritives & pectorales.

Capillaire se prend encore pour toutes les plantes qui ont quelque affinité avec l’adiantum. On est a fait un ordre particulier. Plantæ capillares. On appelle plantes capillaires la fougère, le polypode, la langue de cerf, l’osmonde, le politric, &c. Le politric, le cétérac, le sauvevie, ou ruta muraria, le Capillaire ordinaire, ou adiantum nigrum, & le Capillaire de Montpellier, sont les cinq plantes capillaires usitées dans les boutiques. Il y a deux espèces de filicula qu’on nomme l’une adiantum album, l’autre adiantum nigrum, ou Capillaire ordinaire. Voyez Fougère. L’Amérique est féconde en plantes capillaires. Le P. Plumier Minime, en a fait une Histoire, qu’il a intitulée Traité des Fougères. On appelle aussi Capillaris pappus, aigrette capillaire, celles qui sont longues & déliées. Voyez Chevelu, Racine.

CAPILLAIRE. adj. Qui est fait de capillaire. Syrop capillaire.

Capillaire. adj. ☞ Vaisseaux capillaires ; en Anatomie, ce sont les dernières & les plus petites ramifications des veines & des artères, qu’on appelle quelquefois pour cette raison vaisseaux évanouissans, & qui rendent peu de sang, quand on les coupe ou qu’on les rompt. Capillaris. On les doit concevoir d’une finesse plus grande vingt fois que les cheveux.

☞ On appelle aussi en Chirurgie, fracture capillaire, une fracture qui est si petite qu’on n’a pas moins de peine à l’appercevoir, qu’on en a à voir un cheveu.

Capillaire. Terme de Physique. On appelle tubes ou tuyaux capillaires, ceux dont le cou ou le canal est le plus étroit qu’il est possible, & non pas ceux dont le canal n’a de diamètre que la grosseur d’un cheveu, car on n’en peut pas faire de si petits. Le diamètre des tubes capillaires est de la moitié, du tiers, du quart d’une ligne, ou environ. Si un tube capillaire communique avec un autre, dont le diamètre est beaucoup plus grand, & qu’on verse de l’eau ou du vif-argent dans le grand tube ; ni l’eau, ni le vif-argent ne seront au niveau dans ces deux tubes ; mais l’eau montera plus haut dans le tube capillaire que dans l’autre, & le vif-argent sera moins élevé dans le tuyau capillaire que dans l’autre. La raison de cette expérience est que les parties de l’air qui sont embarrassées & entrelacées les unes dans les autres s’arrêtent à l’ouverture du tuyau capillaire, & ne pressent pas la surface de l’eau qui y est contenue, aussi librement qu’elles pressent la surface de l’eau du grand tuyau ; ainsi par la pesanteur de l’air, l’eau doit s’élever plus haut dans le tuyau capillaire que dans l’autre : à quoi contribue aussi la disposition des parties de l’eau, & la facilité qu’elle a à s’insinuer. Au contraire, les parties du vif-argent ayant une disposition, & une figure différente de celles de l’eau, ne s’insinuent pas aisément, & ne s’élèvent que peu dans le tuyau capillaire. Au reste, on ne doit point être surpris que le vif-argent, qui paroît plus fluide que l’eau, coule moins librement que l’eau dans un si petit tuyau, puisque l’expérience fait voir tous les jours que l’huile, qui paroît plus grossière en ses parties, & moins fluide que l’eau, s’insinue cependant plus aisément que l’eau, car une goutte d’huile s’étend plus qu’une goutte d’eau sur un linge, ou sur une étoffe, & l’huile enfermée dans des tonneaux pénètre même l’enduit de plâtre dont on couvre les fonds ; & le vin & l’eau se conservent dans les tonneaux sans couler, quoiqu’il n’y ait point d’enduit de plâtre.

La branche capillaire d’un tuyau recourbé. Un siphon qui a une branche capillaire.