Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPHTORIM

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 232).

CAPHTORIM. s. m. & plur. Caphtorim, Caphtoræi. Peuples anciens dont il est parlé dans l’Ecriture, Gen. X, 14. Mitsraïm fut pere des Ludim, des Ananim, des Laabim, des Nephtim, des Phétrusim, & des Chasluim, desquels sortirent les Philistins, & les Caphtorim. Quelques Auteurs disent que les Caphtorim & les Philistins sont les mêmes peuples ; mais on voit par les paroles que je viens de rapporter que Moïse les distingue. Zieglerus, dans son Arabie, au mot Hauvim, réfute ceux qui prétendent que ce sont les peuples de Cappadoce ; & il les place dans l’Arabie heureuse, entre le détroit arabique & le détroit persique. Bochard les met dans la partie de la Cappadoce qui confinoit la Colchide, & leur donne les Casluim pour voisins. Sa raison est que tous les anciens ont dit que les Caphtorim sont les peuples de Cappadoce. Pour le confirmer, il ajoute que caphtor en hébreu signifie malum punicum, une grenade, & que σίδη side, signifie la même chose en grec ; & qu’il y avoit en ces quartiers-là une ville de ce nom d’où toute la contrée étoit appelée Sidene. C’est au c. 32 du IVe Livre de son Phaleg que Bochard traite de ces peuples.

D’autres Savans ne jugent pas que ce sentiment soit soutenable, parce que la Cappadoce, comme les autres Provinces septentrionales de l’Asie, fut d’abord occupée par les enfans de Japhet, & nullement par ceux de Cham, qui habitoient les pays méridionaux ; & que d’ailleurs l’Ecriture appelle leur pays une Île. Amos IX, 6, Jer. XLVII, 47, ce qui a fait dire à quelques Interprètes qu’ils habitoient l’Île de Chypre, & à d’autres, celle de Crète. Mais quelle apparence que du temps d’Abraham, Deut II, 23, que les Provinces voisines de la Mésopotamie commençoient à peine à se peupler, il y eût déjà dans l’Île de Crète, ou même dans celle de Chypre, des Colonies nombreuses d’Egyptiens. Quelques autres donc disent que les Caphtorim, peuple originairement Egyptien, descendant de Mitsraïm, comme il paroît par la Genèfe X, 14, habitoient premierement la côte occidentale de la mer Rouge ; qu’ils quitterent ensuite ce lieu pour aller se loger ailleurs ; que, selon les plus doctes Commentateurs, le mot hébreu אי, qu’on a traduit en grec par Νῆσος, & en latin par Insula, signifie non seulement une Ile, mais toute sorte de pays situé le long de la mer, soit qu’il fut tout environné d’eau, soit qu’il ne fût arrosé de la mer que d’un côté ; qu’ainsi la côte de la mer Méditerranée, qu’habitoient les Philistins, est appelée אי, Ile, Isaïe XX, 6, & qu’il a encore le même sens. Gen. X, 5 Is. XLI, 1 & XLIX, 1.