Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 229-230).

CAPE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois un gros manteau de campagne, dont la partie supérieure étoit taillée en sorte qu’on y pouvoir fourrer la tête, Bardocucullus, penula cucullum habens. C’est ce qu’on appelle encore cape de Béarn, dont usent les matelots. La cape se portoit autrefois tant par les Moines, que par les Laïques, tant hommes que femmes indifféremment. On l’appeloit en latin carnealla, vestis cilicina, & elle étoit faite de poil de chèvre. C’étoit aussi une espèce de surtout, ou de manteau long, qu’on portoit sur les autres habits ; & Isidore dit qu’on l’a appelée capa, quod totum capiat hominem.

Cape, se dit aussi d’une couverture de tête que les femmes portent pour se garantir de la pluie ou du mauvais temps. Muliebre capitis tegumentum adversus pluviam ; capitium, capidulum. Cape de taffetas, à dentelles. Cette femme va toujours à la Messe en cape, & ne s’habille que le soir. ☞ En Bretagne on appelle cape, non une couverture de tête simplement, mais une mante, un habillement qui couvre les femmes depuis la tête jusqu’aux pieds : c’est ce qu’on appelle ailleurs capote. Ménage après Vossius dérive ce mot de cape, Allemand, qu’il fait venir ensuite de caput. Il cite aussi le Pere Sirmond, qui le dérive de capis â capiendo, qui étoit une espèce de vase, d’où on a fait ensuite chapeau & capeline. D’autres plus simplement le dérivent du Latin cappa, aussi-bien que chappe. Adrien Schiek le dérive de Capa, חפה, qui veut dire en hébreu couvrir, & qui se dit des habits, aussi-bien que les autres choses.

Cape, en termes de Marine, est la grande voile qu’on met au grand mât, qu’on appelle autrement Pacsi, Velum summi mali maximum, ou velum maximum. On dit, mettre à la cape, pour dire, mettre la voile au lit du vent, en orientant les voiles, & en plaçant le gouvernail de façon que le vaisseau ne fasse que des élans & aille peu de l’avant.

Etre à la cape, c’est ne porter que la grande voile bordée, & amarrée tout arrière. On se tient à la cape par un gros vent contraire. On met aussi la cape avec la misaine & l’artimon.

Cape, se dit proverbialement en ces phrases ; rire sous cape ; pour dire, rire sourdement, & sans que personne s’en apperçoive ; vendre une chose sous cape ; pour dire, sous le manteau, en cachette. On dit aussi, qu’un homme n’a que l’épée & la cape ; pour dire, qu’il n’a point de bien, qu’il n’a aucune fortune établie. On le dit figurément de toutes les choses qui n’ont ni valeur, ni mérite, mais seulement un peu d’apparence. C’est une Noblesse qui n’a que l’épée & la cape. Ce traité n’a que la cape & l’épée.

Cape. Terme en usage dans les sucreries. Il signifie plusieurs morceaux de bois légers, minces, arrêtés ensemble par le bout d’enhaut, dont on couvre les formes cassées pour les mettre en état de pouvoir encore servir.

Cape & queue, ou cap & queue. Terme de Manufactures de lainage. Ce sont les extrémités des étoffes.

Cape, (la) Terme de Fortification. C’est la partie supérieure du bâtardeau.

Cape. s. f. Quelques-uns appellent ainsi le fruit du câprier. Il faut dire câpre.