Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPÉTIEN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 231-232).
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CAPÉTIEN. s. m. Qui est descendant de Hugues Capet, Prince de la postérité de Hugues Capet, qui fait la troisième race de nos Rois. Capetingus. Ce mot ne se dit que des Rois & non des branches des familles royales qui n’ont point monté sur le trône, quoiqu’ils soient aussi Capétiens, c’est à-dire, descendans de Hugues Capet. Il y a plus de sept siècles que les Capétiens regnent en France, car aujourd’hui (en 1769) il y a 782 ans. Les Capétiens sont incontestablement la famille la plus ancienne & la plus noble qui soit au monde. Nulle généalogie ne remonte si haut que celle de Jésus-Christ, dit un Auteur Allemand, pas même celle des Capétiens, la plus longue & la mieux prouvée que l’on connoisse au monde.

Ce nom vient de Hugues Capet, premier Roi de cette race, dont Louis XVe du nom, qui règne à présent est le XXXe Roi. Hugues Capet étoit fils de Hugues surnomme l’Abbé, le Grand & le Blanc, & petit-fils de Robert le Fort, fait Comte d’Anjou, Marquis de France & Duc des François. Du Tillet, dans sa Chronique des Rois de France dit que Hugues Capet est le premier Gaulois Roi des Gaulois. Les deux autres races étoient des Francs. Quelques Auteurs font descendre Hugues Capet de Pépin par le Comte Childebrand, & même de Clovis par les femmes. Robert, selon quelques-uns, descendoit de Charlemagne, &, selon l’opinion la plus probable, étoit Saxon, fils d’un Vitikind Saxon. Il épousa une fille de Hugues, Duc de Bourgogne, fils de Charlemagne. Ainsi les Capétiens viennent de Charlemagne par les femmes, Voyez Mezeray, T. I, p. 350 & suiv.

CAPÉTIEN, IENNE. adj. M. Gilbert, Charles le Gendre, M. de Saint-Aubin, ci-devant Maître des Requêtes, dans un excellent ouvrage des Antiquités de la Maison de France, ouvrage plein de sagacité & de critique, s’efforce de prouver que la race Capétienne, actuellement régnante en France, tire son origine des Rois de Lombardie, & remonte Jusqu’à l’an 712, & même 703, par les ancêtres de Robert le Fort, que voici :

ANSPRAND
Tuteur de Luitprand en 703, & Roi de Lombardie en 712, eut de sa femme Theuderade.
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Sigibrand.

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Luitprand,
Roi de Lombardie, a régné 31 ans & 7 mois, de Guntrude il n’a laissé qu’une fille.
Childebrand,
Associé au trône de Lombardie, & couronné en 736, a régné seul après la mort de son oncle, en 744, pendant sept mois seulement. Il a eu de la sœur de Charles Martel :

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Nébelon,
Comte de Madrie :

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Théodebert,
Comte de Madrie :

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Robert,
Frère de la Reine Ingeltrude, a eu d’Agane, fille de Wicfrid, Comte de Berry,

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Robert le Fort,
a eu d’Adélaïde, veuve de Conrad, Comte d’Altorf:
|MI

Eudes,
Roi de France
Robert I.
Roi de France.


Ensorte que la Maison aujourd’hui régnante en France, comptoit en l’année 1739 mille trente-six, ou, à ne prendre que du commencement du règne d’Ansprand, mille 27 ans de la plus haute & la plus illustre noblesse ; & huit cents cinquante-deux ans depuis qu’elle a commencé de régir la première & la plus puissante Monarchie de l’univers, & par conséquent dans la possession incontestable d’une noblesse, qui n’a point eu d’égale dans aucune nation, ni dans aucun siècle. Le même Auteur montre que la couronne des Lombards étoit héréditaire & successive dès le temps de Justinien.