Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CANARIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 202-203).
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CANARIE. Canaria. Île d’Afrique dans la mer Atlantique, vis-à-vis le Royaume de Maroc. C’est la principale des Îles qu’on nomme Canaries ; elle est entre celle qu’on nomme Forteventura, & celle de Ténériffe. Elle est ronde, & peut avoir 40 lieues de circuit. Maty.

Canarie. Canaria. La Capitale de l’Île Canarie, s’appelle aussi Canarie, & a donné apparemment son nom à toute l’Île. Elle s’appelle encore par les Espagnols Ciudad de las Palmas, c’est-à-dire, la ville des Palmes. Canarie est située sur la côte orientale de l’Île de Canarie. Elle a un Parlement, ou Audience de toutes les Canaries, & un Evêché fondé en 1485, & suffragant de Séville. Maty.

Canaries. Canariæ, Fortunatæ insulæ. Ce sont des Îles fameuses dans l’Antiquité sous le nom d’Îles fortunées. Elles sont dans l’Océan Atlantique, vis-à-vis la côte du Bilédulgerid, entre les 26e & 28e degrés 30 min. de latitude Nord ; & entre les premier & 7e de longitude. Les Anciens n’étoient point d’accord sur le nombre de ces Îles, comme l’a remarqué Vossius dans sa 3e note sur le ch. 10e du IIIe Livre de Mela. Il y en a sept principales, dont cinq se suivent en cet ordre du Levant au Couchant ; Forteventura, Canarie, Ténériffe, l’Île de Gomer, & celle de Fer, au nord de laquelle est celle de Palme. L’Île Lancelotte est au nord de la Forteventura. Les Canaries furent découvertes environ l’an 1342. L’air des Canaries, quoique très-chaud, est fort sain, & le terroir très-fertile, sur-tout en sucre & en vins que nous nommons vins de Canarie.

Il semble que nous fassions aussi ce nom adjectif : car nous disons les Canaries, & les Îles Canaries ; nous dirions des Canaries s’il étoit substantif, comme nous disons l’Île de Sicile, de Malte, de la Grande Bretagne, de Sardaigne, &c. non pas l’Île Sicile, l’Île Malte, &c. Les Îles Canaries sont très-peuplées, tant de naturels du pays que d’Espagnols qui en sont les maêtres. Les richesses de l’île de Ténériffe la rendent la plus considérable de toutes les îles Canaries, Lettr. Edif. Rec. XI. p. 94.

On met encore au nombre des Canaries quelques petites Îles désertes qui sont au nord de la Lancelotte, & les Salvajes, qu’on peut appeler les Petites Canaries.

M. Corneille écrit que l’on dit que ces Îles ont été nommées Canaries par les Espagnols, à cause de l’île de Canarie, la plus considérable de toutes, dans laquelle ils trouvèrent quantité de chiens, lorsqu’ils en firent la première découverte, Can, en Espagnol, voulant dire un chien. Mais ajoute-t-il, cela n’est pas vrai, puisque le nom de Canarie étoit connu fort long tems auparavant. En effet, Pline, Liv, ch. 32, d’après Juba, dit que l’une des Îles fortunées s’appelle Canarie, Canaria, à cause de la quantité de chiens d’une grandeur extraordinaire que l’on y trouve, & dont deux avoient été amenés à Juba ; ce qui ne laisse pas d’avoir sa difficulté. Car si ce que Pline dit est vrai, Canaria est un mot Latin dérivé de Canis ; mais comment cette île, si peu connue des Romains, qu’ils n’en parlent que sur le témoignage de Juba, avoit-elle un nom Latin ? Quoi qu’il en soit, le nom de Canarie est très-ancien, & par conséquent n’est point Espagnol.

CANARIE. s. f. Espèce d’ancienne danse que quelques-uns croient venir des Îles Canaries, & qui, selon d’autres, vient d’un balet ou mascarade, dont les Danseurs étoient habilles en Rois de Mauritanie ou Sauvages. Saltatio Canariensis. En cette danse on s’approche, & on s’éloigne les uns des autres, en faisant plusieurs passages gaillards, & bizarres, à la manière des Sauvages.

Canarie. s. m. Sorte de petit oiseau qui chante bien, qui nous est venu des Îles Canaries. Siren Canariensis. On l’appelle autrement serin. Un canarie mâle, un canarie femelle. Voyez Serin.