Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CANANÉEN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 201).
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CANANÉEN, ENNE. s. m. & f. Qui est de quelqu’une des villes appelées Cana. Cananœus, a. Matth. X, 4. Simon le Cananéen, Bouch. Si c’est là un nom de lieu, il ne faut point le confondre avec Chananéen, ni l’écrire par une h, comme a fait le Port-Royal ; car quand il est ainsi écrit, il signifie un descendant de Chanaan ; au lieu que sans h, il veut dire un homme de la ville de Cana. Il est vrai que S. Luc en fait un nom appellatif, & le traduit ζηλωτής, zélé ; mais en ce sens il vient de קנא, & il n’y faut pas plus d’h qu’au premier. Il est vrai encore que quelques bibles latines écrivent en S. Matthieu, X, 4. Chananæus ; mais c’est manifestement une faute, puisqu’en S. Marc où le même nom, Simon le Chananéen, se trouve, ces bibles-là même écrivent Cananœus sans h, en saint Marc III, 28, & les exemplaires Grecs ont tous ou Κανανιτης, ou Καναναίος, & dans l’édition Romaine de 1592, qui est de la correction de Clément VIII, on a mis Cananœus sans h, en S. Matthieu, comme en saint Marc. Quelques Interprètes, si l’on en croit Malvenda, ont prétendu que la femme dont parle S. Matth. XV, 22, étoit Cananéenne, & non pas Chananéenne : ce sentiment n’est point suivi, & ne doit point l’être. L’Evangile écrit Chananœa, le grec χαναναία, & S. Marc, VII 25, l’appelle Gentile, & Syrophénicienne d’origine ; la réponse que lui fit Jesus-Christ montre qu’elle n’étoit point Israélite, ni d’une ville qui dépendît des Juifs.