Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAMELOT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 189-190).
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CAMELOT. s. m. Etoffe faite ordinairement de poil de chèvre, avec laine ou soie. Pannus è villo caprino contextus. Camelot de Hollande, de Lille, Camelot ondé, ou calandré, ou non ondé, sans onde. Pannus è villis hircinis undulatus. Camelot à eau, ou avec apprêt, sans eau, ou sans apprêt.

Ménage tient que ce mot vient de Zambelot, qui est un mot Levantin, qui se dit des étoffes faites d’un poil fort délié, qui se tire de certaines chèvres qu’on trouve en quelques endroits de Turquie, dont Scaliger fait mention, & Busbec en ses Voyages, d’où vient qu’on a dit du Camelot de Turquie, Pannus cilicius Turcici operis. D’autres le dérivent de l’Italien ciambellotto. Bochart dit que le mot de zambelot est corrompu de l’Arabe giamal, qui signifie un chameau. Aussi a-t-on appelé proprement camelot, l’étoffe qui se fait de poil de Chameau. Le camelot est appelé par quelques Auteurs modernes Capellotum de capella, chèvre, parce qu’il se fait de poil de chèvre. De-la s’est fait Camelot, en changeant le p en m, Camelot, pour Capellot. Ce changement a fait croire que ce mot venoit de camelus, chameau, parce qu’il se faisoit de poil de chameau, ce que les Bollandistes taxent d’ignorance. Act. SS. Maii, Tom. II, p. 88.

On dit proverbialement d’un homme qui a pris de mauvaises habitudes qu’on ne lui peut faire quitter, qu’il est comme le vieux camelot, qu’il a pris son pli.