Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CALATRAVA

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 164-165).

CALATRAVA. Ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille ; elle est sur la Guadiane, à trois lieues de Ciudad Real. Calatrava. Il y a à Calatrava, non-seulement des Chevaliers, mais aussi des Religieuses de Calatrava. Monniales de Calatrava. Elles furent instituées en 1219, par D. Martin Fernandès, Grand Maître de l’Ordre de Calatrava. Ces Religieuses ont le titre de Commendatrices, & doivent faire les mêmes preuves que les Chevaliers de Calatrava. Elles sont habillées comme les Religieuses de Cîteaux, & ne sont distinguées que par la Croix de l’Ordre de Calatrava, qu’elles portent sur le scapulaire. Elle furent d’abord établies au couvent de S. Felix, proche d’Amaya, dans un lieu appelé Barrios, où elles ont demeuré pendant près de 350 ans. Philippe II, Roi d’Espagne, & administrateur de cet Ordre, les transféra dans la ville de Burgos, l’an 1538. P. Helyot, Tome VI, c. 4.

Calatrava. (la nouvelle) Nom d’un lieu de la nouvelle Castille en Espagne, à huit lieues de Calatrava la vieille. Ce lieu fut ainsi nommé par D. Martin Fernandès, Grand Maître de l’Ordre de Calatrava, parce qu’il y transporta le principal couvent de son Ordre, vers les commencement du XIIIe siècle.

CALATRAVA. Ordre militaire, institué sous le règne de Sanche III, Roi de Castille en 1558. Le bruit s’étant répandu que les Arabes venoient attaquer avec une armée puissante, la petite ville de Calatrava, en Castille, les Templiers, à qui on avoit confié la garde de la forteresse, craignant de ne la pouvoir défendre, la remirent au Roi Dom Sanche. Diégo Vélasquez, Moine de Cîteaux, homme de qualité, qui avoit été élevé à la Cour, & qui avoit servi long-temps dans les armées avec beaucoup de valeur & de gloire, persuada à Raimond, Abbé de Fitère, Monastère de Cîteaux, de demander Calatrava au Roi. Malgré la répugnance qu’il y eut d’abord, & contre l’opinion de bien des gens, il le fit & l’obtint. L’Archevêque de Tolède, nommé Jean, contribua à cet établissement, & fit exciter les peuples dans les prédications à aller défendre Calatrava. Raimon & Diégo s’y rendirent, & bien des gens vinrent à leur secours. Les Arabes, ou perdant l’espérance de forcer Calatrava, ou occupés ailleurs, abandonnèrent leur entreprise & ne parurent point. Plusieurs de ceux qui étoient venus au secours de la ville entrèrent dans l’Ordre de Cîteaux, sous un habit plus propre aux exercices militaires que celui des Moines, & ils commencèrent à faire des courses sur les Arabes, & à leur livrer des combats, que Dieu bénit. C’est ainsi que s’établit l’Ordre de Calatrava, qui, comme l’on voit, sur une branche de celui de Cîteaux, sous Morimond, dont Fitère étoit venu. Le premier Grand Maître fut Garcias, sous le gouvernement duquel Alexandre III confirma l’Ordre en 1164, six ans après son établissement, & Innocent III en 1199, le 28e d’Avril. Ferdinand & Isabelle en 1489, du consentement du Pape Innocent VIII, réunirent à la Couronne la grande Maîtrise de l’Ordre de Calatrava, dont les Rois d’Espagne se qualifient Administrateurs perpétuels. Les Chevaliers portent sur l’estomac une croix de gueule fleurdelisée de sinople, acostée en pointe de deux entraves ou menotes d’azur.

La règle qui leur fut donnée par l’Abbé de Cîteaux, étoit celle de Cîteaux, quand ils n’étoient point en campagne, le vivre, le silence, les jeûnes, les macérations du corps, les veilles, l’oraison, la psalmodie, &c. Leur habit fur aussi le même que celui des Moines de Cîteaux, mais accommodé aux exercices & à la vie militaire. Ils avoient le scapulaire, & un capuce ; mais qu’ils ne mettoient point en tête. Ils prétendirent dans la suite que ce capuce ne les distinguoit point assez, & Benoît XIII, l’anti-Pape, la troisième année de son prétendu Pontificat, leur permit de le quitter, & de porter à la place une croix. Manrique, qui rapporte ceci, Cisiere. Ann. T.II, à l’an 1158, c. 2, n° 7, ajoute qu’on ne peut douter qu’à raison de leurs exercices, on n’eût accourci leur habit, & qu’après même qu’on leur eût permis dans la suite de prendre l’habit séculier, on leur ordonna de le porter de même étoffe & de même couleur qu’auparavant. L’Abbé Justiniani, dans son Tome I, c. 27, p. 390, traite fort au long de cet Ordre, & indique à son ordinaire les Auteurs qui en ont écrit. François de Rades, Chevalier de Calatrava, a fait l’Histoire des Ordres de S. Jacques, de Calatrava & d’Alcantara, aussi-bien que François Charles de Totrès ; & Jérôme Mascaregnas a écrit une apologie pour cet Ordre.

On juge aisément par ce qui vient d’être dit, que cet Ordre a tiré son nom de la ville, pour la défense de laquelle il s’établit, & dans laquelle il commença. Voyez Manrique, Hist. d’Esp. Liv. XI, c. 6, & Manrique, Hist. de Citeaux, Tome II, à l’an 1158, c. 1, 2, &c.