Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CALANDRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 163-164).
◄  CALANDES
CALANDRER  ►

CALANDRE. s. f. Terme de Manufacture. Machine dont on se sert pour presser & lustrer les draps, les toiles & autres étoffes. Machina poliendis lævigandisque telis & holosericis comparata. Elle sert aussi pour y faire ces ondes qui sont sur le tabis & les moires. Elle est composée de deux gros rouleaux de bois, autour desquels on roule les pièces d’étoffe. On les met entre deux gros madriers de bois dur, large, épais & fort poli. Celui de dessous sert de base. Celui de dessus est mobile par le moyen d’une roue telle que celle des grues. Un cable est attaché à un tour qui compose son axe. Cette partie du dessus est d’un poids prodigieux, quelquefois de 50 ou 60 milliers. C’est cette pesanteur qui fait les ondes sur les étoffes qui sont autour des rouleaux, par le moyen d’une légère gravure qu’ils contiennent. On met & on ôte ces rouleaux, en inclinant un peu la machine.

Ce mot vient du Latin cylindrus, parce que tout l’effet de la machine vient du cylindre. Borel dit que ce nom lui vient d’un petit oiseau de même nom, parce que les marques qu’elle imprime sont semblables à ses plumes. Les Auteurs de la basse latinité l’ont appelée celendra.

Calandre. Petit oiseau du genre des alouettes, qui n’a point de crête. Alauda non crystata, ou corydalus minima. Conrad de Montpellier, de Montepuellarum, Chanoine de Ratisbonne, qui florissoit vers l’an 1390, dans la vie de S. Erard qu’il a écrite, ch. I. appelle calandre un petit oiseau qui chante agréablement dans les bruyeres. Calandrus dulcisonans in mirica. On l’appelle aussi calandre de bocage. La calandre a la voix très-haute ; si elle l’avoit moins, il y auroit peu d’oiseaux qui égalassent la beauté de son chant. Ceux qui en veulent nourrir, doivent les avoir du mois d’Août & jeunes, afin qu’elles fassent leur première mue en cage ; & elles deviendroient aussi privées, que si elles avoient été prises au nid. Elles auront leur chant naturel, & imiteront celui des autres oiseaux que l’on mettra auprès d’elles. Les vieilles sont farouches ; il faut leur lier les aîles pour les apprivoiser plus facilement. On leur donne du froment, ou de la composition de l’alouette ; quelquefois de la chicorée pilée, parce que quand cet oiseau est en liberté, il s’en sert pour se purger. Pour élever une calandre niaise, on lui donne du cœur & de la pâte ; & soit la niaise, soit la bocag§re, on l’éleve comme l’alouette commune. Elle est sujette à se dépiter comme l’alouette commune. Elle est sujette à se dépiter lorsqu’on la change de lieu ; & elle cesse de chanter jusqu’à ce qu’on l’ait remise au lieu où elle étoit.

Le mâle a la tête & le bec plus gros que la femelle. Son collier va ordinairement tout autour du cou. La calandre fait son nid pour l’ordinaire dans des lieux secs par terre, & dans des champs ensemencés, sous quelque motte bien couverte d’herbes. Elle fait quatre ou cinq petits, & jusqu’à trois nids par an ; savoir au commencement de Mai, au mois de Juin, & à la mi-Juillet comme l’alouette & le cochevis.

Belon dit que la calandre est une espèce d’alouette sans huppe, qui approche de la grandeur de l’étourneau ; & quelques-uns l’appellent grande alouette. Elle approche de l’alouette par son chant & par son plumage. Les aîles & la queue sont de même ; elle a les mêmes mœurs & les mêmes façons. Les calandres volent en troupe, & sont oiseaux de passage.

Calandre. Petit ver qui se fourre dans le blé, & le mange ; on l’appelle aussi charençon ou patépelue. Curculio, calandrus. Les Allemands l’appellent kalender. Voyez Charençon.