Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CÉNOBITE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 356).

CÉNOBITE. s. m. Religieux qui vit dans un Couvent, ou en commun, sous une certaine Règle, par opposition à Ermite ou Anachorète. Cœnobita. Cassien remarque que le Couvent est différent du Monastère, en ce que le Monastère se peut dire de l’habitation d’un seul Religieux ; au lieu que le Couvent ne se dit que de plusieurs Religieux habitant ensemble, & vivant en communauté ; comme le porte la signification du mot grec κοινοϐίτης, de κοινὸς, communis, & βιὸς, vita. Voyez la Règle de Saint Benoît, & les Commentaires sur cette règle, de Dom Armand Jean de Rancé, Abbé de la Trappe ; de D. Mége, Moine Bénédictin de la Congrégation de Saint Maur. Dans les Monastères d’Egypte, les uns étoient Anachorètes, gardant une entière solitude, & ne parlant qu’à Dieu & à eux-mêmes : les autres Cénobites, pratiquant la loi de la charité dans une Communauté, morts pour tout le reste des hommes, se tenant lieu de monde les uns aux autres, & s’excitant mutuellement à la vertu. Fleury. Les Disciples de Saint Basile étoient Cénobites, vivant en communauté ; aussi le pays (la Cappadoce) étoit trop froid, pour se pouvoir écarter dans les déserts comme en Egypte, & vivre en Anachorètes. Id. Dans la dix-huitième Conférence de Cassien, l’Abbé Piammon parle de trois différentes sortes de Moines qui se trouvoient en Egypte. Les Cénobites qui vivoient en communauté ; les Anachorètes, qui après s’être formés dans les communautés, passoient dans la solitude ; & les Sarabaïtes, qui n’étoient que de faux Moines, & des coureurs. Il rapporte au temps des Apôtres l’institution des Cénobites, comme un reste, ou une imitation de la vie commune des premiers Fidèles de Jérusalem. Les Cénobites & les Anachorètes étoient à peu près en nombre égal dans l’Egypte.

Ce n’est point Saint Pacôme qui a été le pere des Cénobites, & qui a fondé les premiers Monastères parfaits, comme l’a cru M. de Tillemont ; c’est Saint Antoine. Saint Ammon fonda même des Monastères dans la partie de l’Egypte qu’on appeloit Nitrie, avant que Saint Pacôme en établît aucun. Voyez le P. Hélyot, Disc. Prélim. ch. 6 & 7.