Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BUTIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 119-120).
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BUTIN. s. m. Ce mot n’a point de pluriel. Argent, habits, bestiaux, tout ce qu’on prend sur les ennemis pendant la guerre. Præda. Chez les Grecs le butin se partageoit en commun  ; le Général en prenoit seulement une plus grosse portion. Par la discipline militaire des Romains, le butin fait sur les ennemis, appartenoit o la République. Les particuliers n’y avoient point de part ; les Généraux qui se piquoient de probité, faisoient porter au trésor public tout ce qui provenoit du pillage. Quelquefois on distribuoit le butin aux soldats pour les animer, & pour leur tenir lieu de récompense. Cette distribution dépendoit des Généraux, qui en usoient avec prudence. Autrement c’étoit un crime de péculat, que de distraire, ou de s’emparer du butin, qui régulièrement appartenoit au Sénat, & devoit être transporté dans le trésor. Les Consuls Romulius & Veturius furent condamnés pour avoir vendu le butin fait sur les Eques. Tite-Live, Liv. VIII.

Selon Grégoire de Tours le butin se partageoit anciennement au sort entre les François, & le Roi lui-même n’avoir que le lot qui lui échéoit. Grotius.

☞ Aujourd’hui par le mot de butin, on n’entend que ce que les soldats pillent sur les ennemis.

En termes de Marine quelques-uns distinguent le butin du pillage, & disent que le butin est le gros de la prise, & le pillage la dépouille des habits, hardes & coffres de l’ennemi, & de l’argent qu’il a sur sa personne jusqu’à 30 livres.

Butin, se dit figurément de tout ce qui est enlevé en quelque manière & par quelque chose que ce soit.

Comme on voit au printemps la diligente abeille,
Qui du butin des fleurs, va composer son miel.

Boil.

C’est un diminutif du bas allemand bute, qui signifie la même chose.

Butin, se dit aussi des voleurs. On a attrapé ces Bohémiens, & on s’est saisi de tout leur butin.