Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BULBONAC

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 108-109).

BULBONAC. s. m. Terme de botanique. Lunaria, ou viola lunaria. Plante ainsi nommée à cause que la racine de l’espèce ordinaire est noueuse & grumelée ; d’où s’éleve une tige haute de deux à trois pieds, grosse comme le petit doigt au plus, d’un vert blanchâtre, rougeâtre, quelquefois velue, branchue dès son milieu, & garnie de feuilles semblables à celles de la violette, mais plus grandes, d’un vert plus clair & plus gai, velues, & plus dentelées sur leurs bords. Ses fleurs naissent aux extrémités des tiges & des branches, & sont en croix, pareilles à celles de la Juliane & purpurines. Leur calice est de mêle lavé de pourpre ; elles n’ont pas beaucoup d’odeur : il leur succède à chacune un fruit plat, arrondi quelquefois, & quelquefois alongé, formé par le pistil qui occupe le centre de la fleur, & composé de trois peaux appliquées les unes sur les autres parallélement ; les deux extérieures couvrent la moyenne, à laquelle sont attachées de part & d’autre ses semences qui sont plates, lenticulaires & taillées en pin. C’est de cette membrane, qui est d’un blanc si luisant, ou argenté, que sont venus les noms d’herbe aux médailles, de passesatins & de lunaire, que l’on donne à cette plante. On peut manger ses racines comme celles de la raiponce ; elles ont le même gout. Toutes les plantes qui portent le nom de lunaria sont recherchées par les Chimistes. Ils ne parviendront cependant jamais à leur grand œuvre prétendu par le mêlange du règne végétal avec le minéral, puisqu’il n’y a aucune plante qui puisse changer la tissure des parties essentielles des métaux. On range parmi les lunaria quelques plantes qu’on nommoit anciennement Alvsson.