Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BUISSON

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 107-108).
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☞ BUISSON. s. m. Ce mot signifie proprement une touffe d’arbrisseau sauvages épineux. Dumus, dumetum. Buisson d’épines, de houx, de genêts. Dieu apparut à Moyse dans un buisson ardent.

Buisson, se dit encore, par opposition à forêt, d’un bois qui n’a pas assez d’étendue pour être appelée forêt : & l’on appelle boqueteau celui qui est moindre que le buisson. Silvula. Les Vocabulistes observent que le buisson ne doit pas avoir au de-là de quinze cens arpens. Il faut avouer qu’un bois de cette étendue fait un assez joli buisson.

Buisson ardent, ou Pyracanthe. Arbrisseau épineux qui porte de petites baies ou fruits d’une belle couleur de feu, d’où lui vient son nom. On le cultive par cette raison dans les jardins, & l’on en fait des palissades, ou on les laisse en boule. Plusieurs Botanistes l’appellent aubépin, & en latin axyacantha Dioscoridis. Les Rabbins disent que le buisson en feu que Moïse vit, étoit d’aubépin, d’où cet arbrisseau a pris son nom.

Buisson. Terme de Jardinier. Arbre que l’on tient bas & petit, & que les Jardiniers, par le moyen de la taille, obligent à prendre la figure qu’ils veulent. Arbor coactæ brevitatis. Voilà des buissons bien conduits. Ces buissons sont tout estropiée. Des buissons de romarin, de chévrefeuil, &c.

On le dit sur-tout des arbres fruitiers, que l’on nomme autrement arbres nains, arbres en buisson & que quelques Provinciaux appellent arbres en bouquet. Les buissons ont cinq ou six pouces de tige, & on leur donne de l’ouverture au milieu, de l’étendue sur les côtés, pour en faire des arbres d’une agréable figure. C’est ce qui les distingue des grands arbres fruitiers, qu’on appelle à plein vent. Un buisson, pour être d’une belle figure, doit être bas de tige, ouvert dans le milieu, rond dans sa circonférence, & également garni sur les côtés : de ces autres conditions la plus importante est celle qui prescrit l’ouverture du milieu ; comme le plus grand défaut est celui de la confusion de trop de bois dans ce milieu. La Quint. Resserrer un buisson qui s’évase trop. Id.

☞ A la chasse, on appelle buisson un amas de broussailles & d’arbres qui ne s’élevent point ; & l’on dit que les cerfs prennent buisson, quand ils vont choisir un lieu secret pour faire leurs têtes après qu’ils ont mis bas. On dit aussi que les cerfs & les sangliers prennent buisson, quand ils quittent la compagnie des autres ; ce qui se fait au tiers an. Battre les buissons pour faire lever le gibier.

On dit proverbialement, qu’un homme a battu les buissons, & qu’un autre a pris les oiseaux ; pour dire qu’un homme recueille le profit du travail d’un autre. On dit aussi qu’on a trouvé buisson creux, lorsqu’on n’a pas trouvé dans une affaire, ou dans un lieu, ce qu’on espéroit d’y rencontrer. Ce proverbe est figuré, & tiré de la chasse, où l’on dit qu’on a trouvé buisson creux, quand on n’a rien trouvé, ou qu’un cerf s’en est allé de l’enceinte. On dit, il n’y a si petit buisson qui ne porte ombre, pour dire que le plus pauvre peut nuire.