Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BUCHER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 103-104).

BUCHER. v. a. absolu. Abattre du bois dans les forêts ; & en faire des buches. Ligna cædere. Il n’est plus en usage.

BUCHER. s. m. Pyramide faite de bois, sur laquelle on mettoit autrefois les corps morts pour les brûler. Bustum, pyra, rogus. Didon pria sa sœur de lui faire dresser un bucher, sur lequel ensuite elle se tua. Crœsus étoit sur le bucher, quand il prononça les paroles de Solon qui le sauvèrent.

Les Romains avoient pris des Grecs la coutume de brûler les corps : cela se faisoit avec beaucoup de cérémonie. Le mort couronné de fleurs, & revêtu de ses habits les plus magnifiques, étoit posé sur le bucher : les plus proches parens l’allumoient avec des torches, en détournant le visage, pour témoigner qu’ils ne lui rendoient qu’avec répugnance ce triste & dernier espoir. Dès que le bucher étoit consumé, des femmes préposées pour recueillir les cendres, les renfermoient dans une urne, que l’on portoit dans les tombeaux. ☞ C’étoit la mere, les sœurs ou les parentes du défunt qui ramassoient ses cendres & les os. Elles étoient vêtues de noir. Les fils recueilloient les restes de leurs peres ; au défaut d’enfans, ce devoir étoit rendu par les autres parens, ou par les heritiers. Les Consuls ou les premiers Officiers des Empereurs ramassoient leurs cendres. La cérémonie finie, l’assistance crioit au défunt, Vale, vale, vale ; nos te ordine qui naturâ permiserit cuncti sequemur. Adieu, adieu, adieu. Nous te suivrons tous quand la nature l’ordonnera. On brûloit les pauvres sans tant de cérémonies dans de grands lieux enfermés, nommés ustrina. Voyez Ustrinum.

Bucher, est aussi un lieu à rez de chaussée, où l’on serre le bois dans les maisons des particuliers. Cella lignaria. Chez les Princes on l’appelle fourrière.