Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRUNIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 97).
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BRUNIR. v. a. Rendre brun. Obscurare, fuscare. Il faut brunir davantage le fond de ce tableau. On mêle les couleurs vives avec les sombres pour les brunir. Brunir est aussi neutre, & signifie devenir brun. Ce garçon étoit fort blond autrefois, mais avec l’âge il a bien bruni.

Ce verbe est quelquefois réciproque. Les cheveux de cet enfant étoient blonds ; mais ils commencent à se brunir. Acad. Fr.

Brunir, se dit aussi, en termes de Chasse, lorsque les cerfs, après avoir frayé, vont teindre leurs bois aux charbonnières, ou aux terres rougeâtres, afin de leur donner de la couleur. Tingere. Salnove dit la même chose des daims & des chevreuils. Et selon lui, brunir, c’est quand le cerf, le daim ou le chevreuil, fait changer de couleur à sa tête, qui de blanche qu’elle étoit, après avoir ôté la peau velue qui la couvroit, la fait venir rouge, grise, ou de couleur brune, selon les terres où il la frotte.

Brunir, est aussi un terme de Relieur. Il signifie, éclaircir, polir la tête, la queue & la tranche d’un livre, à force de froter dessus avec la dent de loup. Polire, expolire, lævigare, lævare. Brunir un livre sur tranche.

Brunir, signifie aussi polir un corps, non pas en l’usant, mais en abattant les petites éminences qui sont sur sa surface par le moyen du brunissoir. On le dit de l’or & de l’argent ; cela se fait avec la dent de loup, la dent de chien, ou la pierre sanguine, le tripoli, le bâton de bois blanc, & la potée d’émeri. On dit de l’or bruni, de l’argent bruni, pour l’opposer à l’or & à l’argent mat : c’est celui qu’on a extrêmement poli pour lui donner de l’éclat. Aurum, argentum politum, lævatum, lævigatum. Les bordure d’or bruni paroissent plus que les autres. Les Serruriers disent aussi brunir le fer, quand ils le polissent avec leurs brunissoirs.

BRUNI, IE, part. & adj. Politus, lævatus, lævigatus, levatus, ou levigatus.