Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BROCHET

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 83).
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BROCHET. s. m. Poisson d’eau douce, blanc, long & fort vorace, qui mange les autres. La dent du Brochet est fort venimeuse, & fait partie de l’os de la mâchoire. Luctus.

☞ On trouve dans quelques Brochets des œufs & une laite en même-temps. D’où l’on conclut qu’ils font hermaphrodites.

☞ On le prépare dans les cuisines de plusieurs manières. Les œufs de brochet excitent des nausées & purgent violemment. Sa chair est blanche, ferme, assez nourrissante, indigeste pour bien des gens ; quoique les Vocabulistes assurent qu’elle est facile à digérer.

Les Mancini prirent deux brochets pour leurs armes, à l’exemple des Colonnes & des Ursini, qui partent de leur nom, pour faire allusion au nom Lucius, lequel étoit commun dans leur maison. Mascur. Car encore que le R. P. Silvestro Pietra-Santa in tesseris Gentilitiis ne leur donne point de nom, néanmoins Ganze & Gozze disent que ce sont deux brochets. Id. On tient que c’est Ausone qui le premier lui a donné ce nom Lucius, qui semble dérivé du grec λύκος, qui signifie loup, parce qu’il dévore les poissons des rivières, comme le loup marin fait ceux de la mer.

On appelle brochet carreau, un gros brochet, & qui à plus de dix-huit pouces entre œil & bat.

Brochet de mer. Les habitans des Îles Antilles appellent ainsi une espèce de petit Lézard amphibie qui se nomme en Egypte Stinc marin. On fait entrer la chair de cet animal dans la composition du mithridate. Voyez Stinc marin.

Brochet de terre. Reptile qui se trouve dans les Îles de l’Amérique. Il a toute la figure, la peau & la hure de nos brochets de rivière ; mais au lieu de nageoires, il a quatre pieds, qui sont si foibles, qu’il se traîne sur la terre en rampant & en serpentant comme les couleuvres, plutôt qu’il ne marche. Les plus grands n’ont que quinze pouces de long sur une grosseur proportionnée. Leur peau est couverte de petites écailles qui sont extrêmement luisantes & de couleur de gris argenté. Quelques curieux en ont dans leurs cabinets, qu’on leur fait passer pour des Salamandres. Pendant la nuit ils font un bruit effroyable de dessous les rochers, & du fond des cavernes où ils se tiennent ; & ce bruit est beaucoup plus désagréable que celui des grenouilles & des crapaux. Ils ne se montrent presque point qu’à l’entrée de la nuit. Lonvill. Liv. I, Ch. 13, Art. 7 de l’Hist. nat. des Antilles.