Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BROC

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 81).
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BROC. s. m. ☞ Gros vaisseau, ordinairement de bois, lié de cercles de fer, qui a une anse & dont on se sert pour tirer une grande quantité de vin à la fois. Il est principalement en usage chez les Marchands de vin, pour aller tirer du vin qu’ils distribuent au comptoir en petites mesures. Œnophorum, amphora.

Broch, selon le P. Pezron, est un mot celtique, d’où le mot françois broc, & le mot grec βρόχος, sont venus.

Broc, en quelques endroits de France, est une mesure de deux pintes ; ce qu’on appelle à Paris la quarte, & ailleurs le pot. Vigenère, dans des Annotations sur Tite-Live, dit que le broc est de divers calibres, c’est-à-dire, de diverses grandeurs ; mais que le vrai est de douze pintes. Cela paroît plus exact ; car on distingue communément le broc du pot, & le pot contient deux pintes.

Broc, signifioit autrefois une broche, Veru ; mais il n’est plus en usage qu’en cette phrase proverbiale, manger un rôti de broc en bouche ; pour dire, tout chaud, au sortir de la broche.

Broc, se prend (en Dauphiné) pour une difficulté qui se présente à celui qui fait quelque chose, & qui l’arrête. Obex, impedimentum, difficultas. On dit d’un homme qui parlant en public hésite long-temps, qu’il a trouvé un broc. Cette manière de parler est du bas peuple. Chorier, qui ajoute avec beaucoup de vraisemblance, qu’elle est grecque, que c’est celle dont S. Paul se sert, I, Cor. VII, 35, οὐχ ἵνα βρόχον ὑμῖν ἐπιβάλω, où P. R. a traduit, non pour vous faire tomber dans un piège. M. Simon se sert aussi du mot piège. Il seroit mieux de dire, non pour vous faire de la difficulté, vous causer de l’embarras. Quoi qu’il en soit, Chorier dérive broc en ce sens avec beaucoup de raison de βρόχος, un lacet, un lac, en latin laqueus.