Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRISURE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 80).

BRISURE. s. f. Terme de Blâson. C’est une altération de la simplicité & intégrité du blâson de l’écu, en y mettant quelques pièces, ou figures, pour les distinguer des armes pleines d’un aîné. Scuti gentilitii adjcititia sectio. Symbolicarum imaginum infractio, fractura scutaria. Le lambel est une brisure, une marque de puînés, & des descendans, aussi-bien que le bâton, la cotice, la bordure, & les pièces dont on les charge pour les varier. Il y a des doubles & triples brisures, expliquées par Favin, Geliot, Chasseneu & autres.

La brisure est introduite pour distinguer & pour rabaisser en quelque sorte les armes, tant des cadets que des bâtard, au regard de celles des aînés & des légitimes. Cette brisure se pratique pour des causes justes & nécessaires à l’état des familles ; elle se pratique, dis-je, par de menues pièces de blâson qui intéressent peu l’entière, pure & pleine figure, & la nature des armes. La brisure passe à toute la postérité, & ne cesse point, que le droit ouvert de succession n’ait rendu le plus proche & plus habile de la race capable du titre d’aînesse & des pleines armes. C’est ainsi que les familles d’Anjou, d’Orléans, de Bourbon, ont porté la brisure jusqu’à ce que leur rang de succession aux pleines armes & à la couronne les en ait déchargées. Monet. C’est ainsi que les maisons d’Orléans, de Condé & de Conti, portent aujourd’hui la brisure. La brisure & la chargeure n’ont aucune différence en leur figure ; la seule intention de l’Auteur du blâson nous sert à les distinguer. Monet.

Brisure, terme de fortification. Ligne de 4 à 5 toises qu’on donne à la courtine, & à l’orillon pour faire la tour creuse, ou pour couvrir le flanc.

Brisure, se dit aussi en plusieurs arts méchaniques, d’une forme que l’on donne à une ou plusieurs parties d’un tout, pour les séparer, les réunir, les racourcir, les étendre, les plier. Voyez Briser. Règle brisée, fusil brisé.