Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRIQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 76-77).
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BRIQUE. s. f. Terre aigilleuse & rougeâtre, pètrie, & moulée, puis séchée au soleil, ou cuite au four, qui sert à bâtir. Later. La brique entière sert à faire des paremens aux murs de cloison. La demi-brique qu’on appelle de chantignole, ou d’échantillon, n’a qu’un pouce d’épaisseur sur la même grandeur que la brique entière. Elle sert à paver & à élever des tuyaux de cheminée. On appelle briques de liaison, celles qui sont posées sur le plat, enliées de leur moitié les unes avec les autres, & maçonnées avec du plâtre, ou du mortier. Briques de champ, celles qui sont posées sur le côté pour servir de pavé. Briques en épi, celle qui sont posées diagonalement sur le côté en manière de point de Venise. On bâtit de brique aux lieux où il n’y a point de carrières de pierre.

La brique est d’un usage fort ancien. La tour de Babel en fut bâtie, quelque temps après le déluge ; & comme l’Auteur sacré qui le raconte, Gen. C. XI, n’en parle point comme d’une invention nouvelle, mais déjà connue ; on peut croire qu’elle l’avoir été avant même le déluge. Les restes qui se voient de la tour de Babel sont de briques. Sous les Rois de Rome l’on se servoit de pierres carrées & massives. Les Toscans avoient appris aux Romains cette manière de construire. Dans les derniers temps de la République on commença à employer la brique. Cet usage venoit des Grecs. Les édifices les plus considérables que les Empereurs firent élever sont de briques, & ont été les plus durables ; comme le Pantheon. Du temps de Galien les bâtimens étoient composés d’un ordre de tuf, & d’un ordre de brique, alternativement. Après lui on négligea l’usage de la brique, & on reprit le caillou. En Orient on cuit les briques au soleil. Les Romains se servoient de briques crues qu’ils faisoient sécher pendant un long espace de temps, jusqu’à quatre ou cinq ans, & que l’on ne mettoit point au four. Perrault sur Vitruve. Les Grecs faisoient principalement de trois sortes de briques ; l’une qu’ils appeloient δίδωρον ; c’est-à-dire, de deux palmes ; l’autre τετραδώρον ; de quatre palmes ; & la troisième πεντάδωρον ; de cinq palmes. Ils en faisaient encore d’autres qui n’avoient de grandeur que la moitié de chacune de ces trois sortes, & les joignoient ensemble pour rendre leurs ouvrages plus solides & plus agréables à la vue ; par là diversité des grandeurs & des figures de ces différentes briques. Félibien.

Ménage dérive ce mot de brica, dont les Auteurs de la basse latinité se sont servis dans le même sens, qui a été fait de imbricare ; pour dire, couvrir de tuiles. D’autres le dérivent de fabrica, parce que c’est une pièce qu’on taille & qu’on fabrique.

L’huile de brique est une huile d’olive dont on empreint des briques ; & qu’on fait ensuite distiller. On fait rougir des morceaux de brique entre les charbons ardens, & on les éteint en les jetant dans une terrine remplie à demi d’huile d’olive. On les sépare ensuite, & ayant pulvérisé grossiérement la brique imbue d’huile ; on la met dans une cornue, qu’on place dans le fourneau de réverbère ; & par le moyen du feu, on en tire une huile que les Apothicaires appellent oleum de lateribus, & les Chymistes, huile des Philosophes. On s’en sert pour résoudre les tumeurs de la rate, pour la paralysie & pour l’asthme.

On appelle de l’étain en brique, une sorte d’étain qui vient d’Allemagne, en petits morceaux, ou lingots de huit à dix livres, qui ont la figure d’une brique.

Brique, se dit encore de certains pains, ou morceaux de savon sec & jaspé.