Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRINDES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 76).
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BRINDES. Ville du Royaume de Naples dans la terre d’Otrante. Brundusium, ou Brundisium. Les Italiens l’appellent Brindisi. Brindes est sur le golfe de Venise, & son port est un des plus grands, des plus beaux & des plus assûrés de l’Italie. M. d’Ablancourt, dans sa traduction de la guerre civile de César, dit toujours Brunduze. Comme Pompée eut appris ce qui s’étoit passé à Corfinium, il alla de Nocère à Canouse, & de-là à Branduze, où il donna rendez-vous à toutes ses troupes. D’Ablanc. Magius fut pris comme il alloit à Brunduze. Id. On ne sait au juste quand l’Evêché ni l’Archevêché de Brindes ont été érigés. Les actes de S. Leucius disent qu’il convertit la ville de Brindes sous Commode, & qu’il en fut le premier Evêque ; mais il y a tant de faux dans ces actes, qu’on n’y peut ajouter foi. Il n’y a point eu d’Archevêché avant le XIe siècle.

Justin, L, X. dit que Brindes fut bâti par les Etoliens, qui suivirent Dioméde ; Strabon, par les Candiots venus avec Thésée & Gnosus, auquel Phalasite chef des Tarentins l’ôta depuis.

Quelques-uns l’appellent en grec, Βρεντέσιον, & d’autres Βρεντήσιεν. Ces mots viennent de βρέντη, qui en langue de Créte signifioit Cerf, & veulent dire tête de Cerf. Festus dit que quelques Poëtes l’ont appelée Brendam brevitatis causâ ; & Vigenère remarque que cette ville représente le col & la tête qui s’étend d’un détroit. Probablement que cette langue de terre fut d’abord nommée Βρεντέσιον, tête de cerf, & que la ville qu’on y bâtit prit ce nom. Voyez Vigenère sur Tite-Live, T. I, p. 1757, & le P. Cantel. Urb. Hist. III, Diss. IV, C, 5.

Quoique Brindes soit le véritable mot françois, & Brindisi l’italien, cependant on dit aussi Brindisi en françois. Nos gazettes s’en servent, aussi bien que Du Moulin, dans ses Conquêtes des Normands, & Du Ryer, qui dit Brindes, Brindisi & Brundisi. Il ne faut pas se servir de ce dernier, qui ne se trouve que dans cet Auteur.