Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRANLER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 43).
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☞ BRANLER. v. a. Agiter, faire aller de côté & d’autre. Branler les jambes, les pieds, la tête. Movere : dans ce sens on dit bassement branler le menton, la machoire, pour dire manger.

Branler est aussi neutre, être agité, chanceler, pancher de côté & d’autre : moveri, nutare, titubare. Le plancher branle : cette femme est si vieille, que la tête lui branle.

☞ Dans ce sens on dit proverbialement que tout ce qui branle ne tombe pas, & figurément, & familièrement qu’un homme branle au manche, pour dire est irrésolu, qu’il n’est pas ferme dans son avis, assuré dans son emploi, dans son poste qu’il est prêt de perdre. On dit de même d’un homme foible qu’il tourne, qu’il branle à tout vent.

Branler, signifie aussi, n’être pas ferme dans une opinion, dans un parti. Fluctuare animo, vaccillare. Il y a plusieurs villes rebelles qui branlent & qui se veulent remettre dans le devoir. Le calme dans l’orage procede de la force de l’ame, qui ne branle point de quelque impétuosité que la fortune la choque. Bal. La renommée de cette victoire arrivée si à propos, affermit l’Asie qui branloit de toutes parts. Vaug.

Branler, signifie aussi, simplement remuer, faire quelque mouvement. Moveri. Si tu branles, je te tue, dit un brigand à celui qu’il vole. Toute la sédition est appaisee, rien ne branle. Il ne faut pas qu’une sentinelle branle de son poste. Huit heures étant venues sans qu’on vît rien branler du côté des ennemis. Bussy.

☞ Dans ce sens, branler se dit du mouvement que font des troupes intimidées, qui par leur contenance font voir qu’elles sont prêtes à fuir. L’armée Romaine commençoit à branler. Labere. Quand il vit les ennemis branler, il se mit à les charger. Vaug.

On dit proverbialement, quand je remue, tout branle ; pour dire, je fais trembler tous mes gens. On dit aussi d’un homme puissante, que tout le monde branle sous lui ; pour dire, que tout le monde est prêt de se remuer pour obéir à ses commandemens.

Branler, en termes de commerce, se dit d’un marchand ou d’un banquier qui donne à connoître que ses affaires sont en mauvais état, & qu’il est prêt à faire faillite.

Branler, en fauconnerie, se dit lorsque le faucon se tient haut au premier degré sur la tête du fauconnier ; & qu’il tourne en battant les aîles & remuant la queue.

☞ Outre cette idée principale, le libertinage en a attaché une accessoire au mot branler qui n’est que trop familière aux jeunes gens. Heureux si des réflexions sérieuses sur leur propre intérêt les dégoûtoient d’un exercice aussi contraire à la religion, que préjudiciable à leur santé. Ce dernier motif au moins devroit les toucher.

BRANLÉ, ÉE. part.