Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRANDEBOURG

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 41).
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BRANDEBOURG. Ville d’Allemagne, dans la moyenne Marche de Brandebourg sur le Havel, qui la sépare en deux parties, dont l’une est le vieux Brandebourg, & l’autre le neuf Brandebourg. On prétend que cette ville a été bâtie par Brennus, chef des Gaulois, & que c’est de-là qu’elle a pris son nom Brandeburgum, Brandebourg, qui est la même chose que Brennoburgum, Brennebourg, ou ville de Brennus. D’autres dérivent ce mot de Brandon, Prince des François, & fils de Marcomir, qui selon eux en est le fondateur. Hofman lui donne de longitude 35°. & de latitude 52°. 39’. Cette ville, selon M. de la Hire, a de longitude 31°. 21’, 33”, & de lat. 52°. 16’, 0” Tab. Astr.

Brandebourg. La Marche, ou le Marquisat de Brandebourg, en latin Marchia Brandeburgensis. Province du Cercle de la haute Saxe, en Allemagne, bornée au couchant par le Duché de Lunebourg, au nord par celui de Mecklenbourg, & par la Poméranie ; au levant par la grande Pologne ; & au midi par la Silésie, la Lusace, les Duchés de Saxe & de Magdebourg. C’est Henri l’Oiseleur qui a érigé le Brandebourg en Marquisat, dont les Marquis n’étoient d’abord que des Gouverneurs, qui devinrent ensuite héréditaires. Et c’est l’Empereur Sigismond qui en 1411 ayant vendu le Marquisat de Brandebourg à Fréderic IV, Burgrave de Nuremberg, l’érigea en Electorat en 1415, a lui en donna l’investiture en 1417. L’Electeur de Brandebourg est Archi-chambellan ou grand Chambellan de l’Empire. La Marche de Brandebourg se divise en trois parties, dont nous allons parler.

La vieille Marche de Brandebourg ; c’est la partie occidentale du Marquisat de Brandebourg, appelée autrefois Marche de Soltwedel, parce que Soltwedel en étoit la capitale. La moyenne Marche de Brandebourg, qui est à l’orient de la vieille Marche, & à l’occident de la nouvelle, a pour capitale Berlin, qui l’est aujourd’hui de tout l’Electorat. La nouvelle Marche de Brandebourg en est la partie orientale, & a Custrin pour capitale. Il y a encore la Marche Uckerane de Brandebourg, qui est au nord de la moyenne Marche : Marchia Uckerana Brandeburgica. Elle a été ainsi nommée à cause du grand lac, & de la rivière d’Ucker qui sont au milieu. L’histoire des Marquis de Brandebourg a été écrite en latin par Gaspar Sagittarius, imprimée in-4°. à Iéne en 1684. Imhoff, Notit. Imp. L. II, cap. 8, en traite aussi.

Brandebourg, est aussi une ville bâtie depuis peu par l’Electeur de Brandebourg dans la Prusse Royale. Il y en a encore une autre dans le Cercle de la basse Saxe, qui se nomme le nouveau Brandebourg, ou la nouvelle Brandebourg.

Brandebourg. s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe d’un rouge pâle tirant sur le colombin, & d’un blanc terni. Mor. Cult. des fleurs.

Brandebourg. s. f. Grosse casaque dont la mode nous est venue de Brandebourg. Penula chlamis. Elle va jusqu’à mi-jambe, & a des manches bien plus longues que les bras ; & quand on y veut mettre quelque ornement, elle est chargée de boutons à queue d’espace en espace. Ce nom passa en France en 1674, lorsque l’Electeur de Brandebourg entra en Alsace. Les gens de l’Electeur portoient cette espèce de casaque. Richelet avoit reproché à M. du Périer qu’il étoit fait comme un crieur d’arrêts : cela l’ayant piqué, il se fit faire une Brandebourg. Il trouva le soir un Grivois qui s’approcha tellement sous sa Brandebourg, qu’il s’en trouva revêtu, & le pauvre du Périer reste en juste-au-corps. Ménage.

Brandebourg, en fait de modes. s. m. C’est le nom qu’on donne aux agrémens de galons d’or ou d’argent, & même de soie, qu’on applique en forme de boutonnières sur les habits. Les Brandebourgs sont quelquefois d’un galon simple, mais plus souvent d’un galon doublé qui forme la boutonnière. On en a fait aussi à queue & sans queue.