Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRAME

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 38).
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BRAME, ou plutôt Brahma, ou Bruma. s. m. Nom d’un Dieu du Tonquin, adoré par les sectateurs de Confucius. Quelques-uns croient que c’est Pythagore qu’ils ont divinisé, fondés sur la métempsychose, & les autres sentimens de ce Philosophe que les adorateur de Brama tiennent aussi. D’autres, à cause de la ressemblance du nom, s’imaginent que c’est Abraham. Ils feignent que Brama s’est fait homme, & qu’il est médiateur entre Dieu & les hommes, dit M. Huet, Dem. Ev. Prop. IV c. 6, d’où ce Prélat infère que les Indiens ont tiré cela du Christianisme, & de ce que S. Thomas, S. Barthélemi, Pantænus, & d’autres, leur en avoient appris. M. Huet écrit toujours Bramma. Mais on écrit communément Brama, ou Brahma.

M. d’Herbelot dit que, selon la doctrine des Indiens, Brahma est le premier des trois êtres que Dieu a créés, & par le moyen duquel il a fait ensuite le monde. Ce Brahma donna aux Indiens quatre livres, qu’ils appellent Bethou, ou Bed, dans lesquels toutes les sciences & toutes les cérémonies de la religion des Brachmanes sont comprises. C’est pourquoi on le représente ordinairement avec quatre têtes. Selon les Indiens, Parabaravastou, c’est-à-dire, le dieu suprême, a créé trois Dieux inférieurs ; savoir, Bruma, Vichnou & Routren. Il a donné au premier la puissance de créer ; au second le pouvoir de conserver, & au troisième le droit de détruire. Ces trois Dieux sont les enfans d’une même femme, qu’ils appellent Parachatti, c’est-à-dire, la puissance suprême. Les premiers Indiens ne vouloient dire autre chose, sinon que tout ce qui se fait dans le monde, soit par la création qu’ils attribuent à Brama, soit par la conversation, qui est le partage de Vichnou ; soit enfin par les différens changemens, qui sont l’ouvrage de Routren, vient uniquement de la puissance absolue du Parabaravastou, ou du Dieu suprême. Let. ed. T. IX, p. 7 & suiv. T. X, p. 18 & suiv. Elles ajoutent que, suivant la doctrine des Indiens ; Bruma tient le premier rang parmi les divinités subalternes ; que c’est lui qui a créé toutes choses, & qui les conserve par un pouvoir spécial que la divinité lui a communique ; qu’il a l’intendance générale sur toutes les Divinités inférieures ; mais que son gouvernement doit finir ; qu’il a un premier Ministre, nommé Divendiren, qui commande immédiatement aux Dieux inférieurs.

Le mot Brahme, en langue Indienne, signifie Pénétrant toutes choses. D’herb.

BRAME. s. m. On appelle ainsi ceux des Indiens que les anciens appeloient Brachmanes. Les Lettres Edifiantes des Missionn. Jes. T. IX, p. 288 disent Brame, au masculin, & Bramine au féminin. Il étoit Brame, & venoit d’épouser une Bramine. La Bramine avoit été mariée dès son bas-âge à un autre Brame. Il n’y a guère de nation plus orgueilleuse, plus rebelle à la vérité, ni plus entêtée de ses superstitions que les Brames. Lettr. Ed. T. X, p. 31. Voyez Bramin, ou bramine, c’est la même chose. De la Boulaye écrit Bramen, & dit que c’est le nom des Sacrificateurs des Ramistes, ou Indou ; & au pluriel il dit Bramens.