Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 987-988).
BOVE  ►

BOUE. s. f. Crotte, ordure, terre détrempée avec de l’eau. Lutum, cœnum. On ne sauroit marcher en hiver dans Paris, qu’on ne soit tout couvert de boue. Les pourceaux se vautrent dans la boue. Le Soleil fond la cire, & sèche la boue. On taxe les bourgeois pour les boues & les lanternes.

Ménage dérive ce mot du flamand brou, qui signifie la même chose.

Boue, signifie figurément, bassesse, état misérable. La fortune met aujourd’hui des personnes sur le trône, & demain dans la boue. Ce Prince a tiré ce favori de la boue.

Un jour je vous verrai sur la mouvante roue,
Tantôt au firmament, & tantôt dans la boue.
Vill.

On dit, une ame de boue ; pour dire, une ame vile, basse, mercenaire, rampante. Tu vas couvrir de boue les beaux titres de ta Maison, (Main.) pour dire, tu vas déshonorer les titres de ta Maison.

On dit proverbialement, qu’une maison n’est que de boue & de crachat ; pour dire, qu’elle n’est pas bâtie solidement. On dit aussi que le Soleil ne salit point ses rayons, quoiqu’ils tombent dans la boue. En parlant d’une chose qu’on méprise, on dit proverbialement & bassement, qu’on n’en fait non plus d’état que de la boue de ses souliers.

Boue, se dit encore du pus ou humeur corrompue qui sort d’une plaie, d’un abcès, d’un apostème. Pus, sanies. Il sort beaucoup de boue de cet abcès. En Maréchallerie on dit que la boue souffle au poil, pour dire, que le pus paroît vers la couronne dans un cheval blessé au pied.

Boue, dans la Philosophie hermétique, est le nom qu’on donne à la matière quand elle ressemble à de la poix fondue.

Boue. s. f Cella infima. C’est le nom qu’on donne en Artois & en Flandre à une seconde cave qui est au-dessous de la première, & où l’on met la bière pour la mieux conserver : les caves ordinaires ne sont pas assez profondes ; elle s’y gâte pendant l’été.