Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BORNER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 972-973).
◄  BORNE
BORNÉO  ►

☞ BORNER. v. a. Mettre des bornes, séparer des héritages voisins & aboutissans les uns aux autres, en y plaçant de nouvelles bornes, ou en rétablissant les anciennes qui auroient été déplacées. Metas figere, statuere, limitari. On a borné ce vignoble. Les Juges ont ordonné un transport sur cet héritage, pour le faire mesurer & borner par un Arpenteur.

Borner, signifie aussi limiter, resserrer dans un certain espace, dans une certaine étendue. Terminare, circumscribere. Cette rivière, ce grand chemin, ce fossé bornent cette prairie de trois côtés. La mer & les Pyrénées bornent l’Espagne.

☞ Dans cette acception on dit que des coteaux, des prairies, &c. bornent agréablement la vue, pour dire, la terminent agréablement.

☞ On le dit aussi des personnes par rapport à leurs maisons, à leurs héritages. Il veut vendre sa maison, parce qu’il s’y trouve trop borné. Angustare. Il est borné d’un côté par une forêt, d’un autre par une montagne, de manière qu’il ne peut s’étendre ni faire d’acquisitions.

Borner, se dit aussi figurément pour modérer. Il faut borner ses prétentions, sa fortune, son ambition, son discours. Se borner à ses propres affaires. Qui borne ses désirs au seul nécessaire, ne court point les mers orageuses. S. Evr. On le dit absolument : il faut se borner, savoir se borner.

☞ BORNÉ, ÉE. part. On dit au propre, en parlant d’une maison, qu’elle a une vue bornée, pour dire, peu étendue. Au figuré, avoir des vues bornées, c’est avoir peu de lumières ou d’ambition. Esprit borné, capable de peu de chose. Les esprits bornés admirent tout. Fortune bornée, médiocre, commune. Ce qui fait qu’on se lasse des objets & des plaisirs du monde, c’est qu’ils sont bornés.