Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOMBE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 953-954).
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BOMBE. s. f. Grosse grenade, ou gros boulet de fer aigre qui est creux & rempli de poudre, & qu’on jette par le moyen d’un mortier sur les endroits qu’on veut détruire. Globus ingens ex ære fusus excavatusque, ingesto pulvere refertus. On le tire dans un mortier monté sur un affût, & le feu se met à la fusée lente, qui entre dans sa lumière. Son poids, quand elle tombe, & les éclats du fer quand elle se brise, font de grands désordres dans une ville assiégée. On appelle bombe foudroyante, celle qui tue, fracasse & brise tout ; & bombe flamboyante, celle qui étant seulement pleine de feu d’artifice, ne sert qu’à éclairer. Alphonse I, Duc de Ferrare, avoit pris pour devise une bombe qui crevoit en l’air, avec ces mots françois, Au lieu & temps, pour marquer que les grandes affaires veulent être faites dans des conjonctures favorables, & qu’il faut beaucoup de prudence pour les ménager.

Ce mot vient de bombus, crepitus, aut fibilus ani, à cause du bruit que fait la bombe. M. Blondel a fait un livre de l’art de jeter les bombes ; & il croit que l’usage des mortiers est aussi vieux que celui du canon. Pour les bombes, les premières, selon lui, furent jetées sur la ville de Wachtendonch en Gueldres, l’an 1588. D’autres prétendent qu’un siècle auparavant l’an 1495, on en jeta à Naples sous Charles VIII, & ils tâchent de le prouver par un endroit du Verger d’honneur, composé par Octavien de S. Gelais, & par André de la Vigne. On en trouve un exemple de l’année 1495. Il est parlé aussi des mortiers au siége de Naples sous Charles VIII. On tient que ce fut un habitant de Venlo, qui inventa les bombes sur la fin du dernier siècle, pour les faire servir aux feux d’artifice. Les Hollandois disent qu’un Ingénieur italien en fit des épreuves à Berg-op-Zoom, avant que l’homme de Venlo y eût songé ; que les premières qu’on ait fait servir à la guerre, furent jetées dans Wachtendonck en Gueldres, lorsque le Comte de Mansfeld l’assiégeoit en 1588, qu’on ne s’en est servi en France qu’au siége de la Mothe en 1634, quoique dise Casimir, que les François en jetèrent dans la Rochelle ; que l’Ingénieur qui les jetta, étoit un Anglois nommé Malthus ; qu’au siége de Thorn en Pruse les Plonois se servirent contre les Suédois d’une manière extraordinaire de jeter des pierres sans mortier, qui pesoient plus de 800 livres. Voyez M. Blondel, l’art de jeter des bombes. D’autres disent qu’on s’en servit au siége de Mezières en 1521.

Un caisson de bombes est un fourneau superficiel, un creux où l’on met cinq ou six bombes, qu’on couvre d’un peu de terre, & qu’on fait tirer quand l’ennemi arrive sur ce terrain.

Bombe, se dit d’une bouteille de verre, ronde, & qui n’a qu’un goulot fort court. Une bouteille ou bombe de verre. Barbe.

☞ On dit figurément que la bombe est prête à crever, pour dire, qu’un grand malheur est prêt d’arriver.