Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOHITIS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 940).
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☞ BOHITIS. Prêtres des habitans de l’Île Espagnole, en Amérique, qui étoient en grande vénération lorsque les Espagnols arriverent dans ce pays. Leurs fonctions étoient de prédire l’avenir, & de faire la Médecine. Quand on venoit les consulter pour savoir l’avenir, ils mangeoient d’une herbe qu’on nomme Cohoba, ou en prenoient la fumée par les narines, ce qui leur causoit une espèce de transport, qu’on prenoit, pour une fureur divine. Ce transport fini, ils récitoient tout ce qu’ils prétendoient avoir appris dans le conseil des Dieux, sans s’embarrasser de répondre aux questions qu’on leur avoit faites ; & pour l’ordinaire ces discours étoient si obscurs, qu’on n’y pouvoit rien entendre. La même herbe leur servoit pour la guérison des maladies. Quand ils étoient appelés pour un malade, ils avoient soin d’en porter sur eux. Leur façon de faire la médecine étoit fort originale. Ils s’enfermoient avec le malade, lui mettoient de leur salive dans la bouche, & après divers mouvemens de tête, ils souffloient sur lui, & lui suçoient le cou du côté droit. Cette opération se faisoit pour tirer, à ce qu’ils disoient, un os, une pierre, ou un morceau de chair, qui, selon eux, causoit la maladie. Ils montroient en effet quelque chose de cette sorte, qu’ils avoient cachée dans leur bouche, & que les femmes gardoient avec soin pour accoucher heureusement. Pour soulager ensuite le malade qu’ils avoient fatigué par ces cérémonies, ils passoient légérement leurs mains sur tout son corps jusqu’à la plante des pieds, & s’il venoit à mourir, c’est que depuis qu’ils s’étoient retirés, il avoit fait quelque mal que les Dieux avoient punis de la mort. Ils n’avoient d’autre part aux sacrifices que celle de recevoir le pain d’offrande, après plusieurs cérémonies, de le bénir & de le distribuer aux assistans. Ils avoient l’autorité de punir ceux qui n’observoient pas les jeûnes prescrits par la religion du pays. Ils étoient habillés singulièrement. Au reste ils pouvoient avoir plusieurs femmes. Mor. Qui cite Lopez de Gomara, Hist. Gen. des Ind. Occid.