Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BLOUSE, BLOUSER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 934).

☞ BLOUSE. s. f. Trou d’un billard fait pour recevoir les billes qu’on y pousse. Fundula, cavum. Il y a six blouses dans un billard, une à chaque coin, & une au milieu de chaque grande bande. Faire une bille à la blouse du coin, à la blouse du milieu, c’est y mettre la bille. On dit de même au coin & au milieu, ces blouses sont attirantes.

Ce mot, en vieux françois, signifie des terres grasses à blé, qui sont molles & marécageuses, qui ont tiré leur nom du blé qu’on y semoit.

On dit aussi proverbialement, qu’on a mis quelqu’un dans la blouse, quand on l’a mis en prison.

BLOUSER. v. a. Pousser une bille dans la blouse. In fundulam trudere. On dit en saxon blosan, qui signifie périr, être submergé, & c’est de ce mot que le P. Thomassin dérive notre verbe blouser.

On dit aussi blouser quelqu’un, mettre dans la blouse la bille de celui contre qui on joue, & se blouser soi-même, y mettre sa propre bille.

Blouser, avec le pronom personnel, signifie figurément, se tromper, se méprendre, prendre mal ses mesures dans ses affaires, ou dans ses marchés ; se tromper en parlant, en discourant. Falli, decipi, allucinari. Mais ce terme n’est que du style familier : voilà mon homme qui se blouse. Il s’est blousé là.

BLOUSÉ, ÉE. part.

BLOUSE. s. f. C’est ainsi qu’on nomme en quelques Manufactures, la laine courte qui ne peut se tenir en rang : elle n’est pas perdue, elle va à la carde.