Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BLOQUER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 933-934).
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BLOQUER. v. a. Terme de l’art militaire, dont l’usage est restreint à cette phrase, bloquer une place, une ville, une citadelle, en former le blocus, en occuper les avenues avec des troupes, pour empêcher qu’il n’y puisse entrer aucun secours d’hommes ni de vivres. Angere urbem copiis. Voyez Blocus & Siége.

Ce mot vient du vieux mot blocal, ou bloquèl, c’est-à-dire, barricade. Borel. Quelques-uns le dérivent du latin buculare, d’où on a fait aussi boucler, qui signifie aussi fermer le passage. Icquez de belocan, ancien mot allemand, formé de be, & de loc, qui veut dire ferrure, clôture.

Bloquer, en termes de Maçonnerie, c’est élever des murs de moillon d’une grande épaisseur, le long des tranchées, sans les aligner au cordeau, comme on fait les murs de pierres sèches. C’est aussi remplir de moillon & de mortier, sans ordre, les vides qui se trouvent entre les pierres, comme on fait pour les ouvrages fondés dans l’eau.

Bloquer, en termes de Marine, c’est mettre de la bourre sur du goudron entre deux bordages.

Bloquer, en termes d’Imprimerie, c’est mettre à dessein dans la forme, en la composant, une lettre renversée pour tenir la place d’une autre qui manque.

Bloquer, en termes de Fauconnerie, se dit lorsque l’oiseau a remis la perdrix, & qu’il la tient à son avantage, gagnant le haut ou quelque arbre prochain ; & il ne faut pas dire en ce cas qu’il l’arrête. On dit aussi, que l’oiseau se bloque ; pour dire, qu’il pend en l’air, & s’y soutient sans battre de l’aile ; ce qui s’appelle planer.

Bloquer, Terme de Billard. C’est pousser de force une bille dans la blouse. Globulum magna vi in cavum detrudere. J’ai bloqué cette bille.

On dit neutralement qu’une blouse bloque, pour dire, qu’une bille poussée de force y est facilement retenue. Cette blouse bloque ; celle-ci ne bloque pas. Globulum recipere, admittere.

BLOQUÉ, ÉE. part.