Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BLAQUERNES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 924).
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BLAQUERNES. s. f. & pl. Blaquernæ. Lieu voisin de Constantinople, où l’on bâtit un fauxbourg, dans lequel, entre autres édifices somptueux, étoit le Palais des Blaqueres, qu’on appela Pentapygrion, c’est-à-dire, le château des cinq tours. Héraclius voulut mettre ce fauxbourg à couvert des insultes des Barbares, le fit enfermer dans la ville. Les Blaquernes étoient vers le fond su port de Constantinople, du côté de l’Occident ; ou, comme dit Lambecius, dans ses notes sur Codinus, n. 101, vers l’entrée du Pont-Euxin.

On prétend que ce nom vient d’un Prince Barbare, qui régnoit autrefois dans cette partie de la Thrace, & qui avoit son palais en ce lieu là. Codinus rapporte cette étymologie : Gretzer l’approuve, Gillius la suit, & l’attribue à Denys de Byzance ; ce qui n’empêche pas Lambecius de la rejeter. D’autres le dérivent du grec βλάχνον, qui signifie fougère, & disent que ce lieu fut ainsi appelé, parce qu’il étoit tout plein de fougère, de sorte que selon Codinus βλαχέρνα se dit pour βλαχέρνη. Le même Auteur dit encore que βλαχέρνα est dit pour λακερνα, qui est la même chose que λακκώδης, plein de lacunes, marécageux ; & quoique Lambécius croie ces deux étymologies fausses, il dit qu’elles sont probables à cause de la situation de ce lieu. Codinus en rapporte encore une assez obscurément ; ὅτι βλάχου τινὰς κέρμα ἦν ἐκεῖσε. Lambécius croit que cela veut dire, parce qu’un Valaque avoit été tué là. Junius tire ce nom de la langue Arabe. Gretser rejette cette étymologie de Junius sans la rapporter.