Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BILLONNER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 906-907).

BILLONNER. v. n. qui est pris en bonne & mauvaise part. Il signifie proprement, recueillir les espèces décriées & envoyées au billon ; ce qui étoit autrefois permis à certaines personnes préposées pour cet effet. Obnoxiam forfici monetam conflaturæ gratiâ conquirere. Mais il se prend ordinairement en mauvaise part, & signifie, trafiquer de monnoie de billon ; substituer des espèces défectueuses en la place des bonnes ; profiter induement sur les espèces au préjudice des Ordonnances. Boiz. Obnoxiam forfici monetam commercii gratiâ colligere. L’Ordonnance en a fait un crime, qui peut être commis en plusieurs façons. 1°. Lorsqu’on achète, ou qu’on change la monnoie pour moins qu’elle ne vaut, pour la remettre à plus haut prix, soit dans le même lieu, soit dans une autre Province. 2°. Quand les Receveurs payent en des espèces moindres, ou plus légères qu’ils ne les ont reçues, ou quand ils payent en espèces qu’ils font valoir à plus haut prix que celui de l’Ordonnance. 3°. Quand les Changeurs remettent dans le commerce des espèces défectueuses, étrangères & décriées. 4°. Quand on choisit les espèces plus pesantes pour les vendre aux Orfèvres ou Changeurs qui les fondent. 5°. Et généralement quand on profite sur le prix de la monnoie. Boizard rapporte neuf différentes manières de billonner, à prendre ce mot en mauvaise part. Voyez Tr. des Monn. P. II, c. 5.

Billonner. v. a. Terme d’Agriculture, & de Vigneron. C’est ne laisser que des billons. Couper les verges de la vigne court, & ne leur laisser que trois ou quatre doigts de long. Palmites brevissimos amputando facere, breviùs amputare, plurimùm decurtare. Taillons cette vigne, & ne faisons que la billonner. Liger. On le dit quelquefois absolument comme s’il étoit neutre. On a coutume de billonner dans la vallée d’Aillan. Lig.