Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BIGEARRER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 899).

Se BIGEARRER. v. recip. Le Roi d’Espagne n’osant recommencer la guerre, pendant que la France étoit florissante, unie, bien d’accord, & de même volonté, il a taché de semer la division & la discorde parmi nous, & sitôt qu’il a vu nos Princes se mécontenter, ou se bigearrer, il s’est secrétement jeté à la traverse, pour encourager l’un des partis, nourrit & fomenter nos divisions, & les rendre immortelles, pour nous amuser à nous quereller, entrebattre & entretuer l’un & l’autre, afin d’être cependant laissé en paix, & tandis que nous nous affoiblirions, croître & s’augmenter de notre perte & diminution... Sat. Mén. t. I, p. 112, 113.

Cotgrave, le seul qui ait fait mention de bigearrer, dit que c’est la même chose que bigarrer, & en ce cas se bigearrer signifieroit se partager, se diviser ; ce qui ne quadre pas mal avec le passage ci-dessus. Mais sans improuver ce sens-là, je crois que se bigearrer signifie être bigearre, ou bizarre, capricieux, fantasque, se cabrer, prendre la chèvre. Quoiqu’il en soit, il n’est pas d’usage.