Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BIENFACTEUR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 893-894).
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BIENFACTEUR, ou BIENFAICTEUR, ou BIENFAITEUR, s. m. BIENFACTRICE, ou BIENFAICTRICE, ou BIENFAITRICE. s. f. Celui ou celle qui a donné, qui a fait un bien de quelqu’un. De aliquo benè meritus ; ou benè mérita. On ne peut parler contre son bienfaiteur sans ingratitude.

Il n’y a point de mot dans la langue françoise, sur lequel les opinions soient plus partagées, que sur celui de bienfacteur, de bienfaiteur, ou de bienfaicteur. Je dirois bienfaicteur avec Messieurs de Voiture, Pélisson & Corneille.

☞ L’Académie dit Bienfaicteur. Pourquoi un c dans ce mot. On dit bienfait sans c : pourquoi ne diroit-on pas bienfaiteur ? Celui qui fait du bien pour en tirer du profit, ne mérite point d’être appelé un bienfaicteur ; son action n’est un commerce, & une négociation. L’antiquité a fait les idoles de ses bienfaicteurs, & n’a pris pour objets de ses adorations religieuses, que ceux qui le devoient être de la reconnoissance publique. Le Mait. Un homme enivré de la félicité du siècle jouit des bienfaits sans regarder le bienfaiteur. Flech.

On appelle dans les Couvents bienfacteurs & bienfactrices, (on doit dire bienfaiteurs ou bienfaicteurs) ceux qui ont fait les fondations, ou qui y ont apporté de grands biens en y entrant, ou qui en ont fait sans y entrer. Autrefois les noms des bienfacteurs s’écrivoient dans le Missel. On les mettoit aussi dans le Calendrier des Moines morts.