Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BIAISER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 882-883).

BIAISER. v. n. N’être pas droit, être posé obliquement. Obliquari. L’aile de ce bâtiment biaise du côté gauche. Il ne marchoit pas droit, mais en biaisant, & en suivant le fleuve. Ablanc.

Biaiser, se dit figurément de ceux qui n’agissent pas sincèrement, qui cherchent des biais, des détours, de mauvaises finesses, dans les affaires, ou pour surprendre quelqu’un. Simulare, parum sincerè agere, vel loqui. C’est un homme qui biaise, qui n’agit pas rondement. Il ne faut pas biaiser avec moi.

On le dit quelquefois en bonne part : alors il signifie, non pas se comporter prudemment, avec habileté, dans quelque affaire, comme le disent les Vocabulistes ; notion fausse & ridicule, puisqu’on peut bien se comporter prudemment & avec habileté, sans biaiser ; mais employer quelque adoucissement, prendre quelque tempérament pour venir à bout de ses desseins : ce qui suppose pourtant de la prudence & de l’habileté. Quand on se trouve entre deux extrémités fâcheuses, il est de l’adresse d’un homme de savoir biaiser. Il y a des hommes qu’il ne faut prendre qu’en biaisant. Mol. Après tout biaiser se dit en bonne part beaucoup moins ordinairement que biais.

Biaiser, est aussi quelquefois actif, & signifie, détourner un peu. Detorquere. J’ai un peu biaisé la pensée de l’Auteur, pour l’ajuster à notre langue. Il faut biaiser en traduisant, pour trouver les grâces de la langue en laquelle on traduit. Le mot de biaiser ne se trouve en ce sens que dans Danet : & cela ne suffit pas pour s’en servir.