Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BIAIS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 882).
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BIAIS. s. m. Terme relatif, qui signifie proprement travers, ligne oblique, irrégularité. Obliquitas. Le biais d’une maison, d’une chambre, d’une cour, d’un jardin, &c. On plante du bois pour cacher le biais, l’irrégularité d’un terrain. Sauver un biais, c’est le faire disparoître par le moyen de l’art.

Couper une étoffe de biais, c’est la couper obliquement. La couper du bon, du mauvais biais, c’est la couper du bon ou du mauvais sens, relativement à l’usage qu’on en veut faire.

Les Maçons appellent biais gras, & biais maigre, ce que les Géomètres appellent angle obtus, & angle aigü. Ils se servent aussi de biais par tête, de biais par dérobement, de biais par équarrissement, pour marquer la coupe de quelque pierre.

Biais, en termes d’Architecture, c’est l’obliquité d’une face à l’égard de la direction d’une voûte, ou d’un jambage à l’égard d’un passage. Frezier.

Biais passé. On appelle ainsi dans une voûte un berceau biaisé par devant & par derrière, dont les joints du lit ne font pas parallèles aux côtés du passage, comme dans les voûtes ordinaires biaises, mais dont la direction tend à des divisions des voussoirs inégaux, en situation inverse du devant au derrière, c’est-à-dire, de l’entrée à la sortie, de sorte que les joints de lit à la droite ne doivent pas être droits, comme les font les Auteurs de la coupe des pierres. Frezier. On dit aussi biais passé, lorsque dans les batimens certaines sujétions obligent à faire des portes ou des fenêtres de biais ; & celà s’appelle ainsi à cause du trait géométrique, qui se fait ou par équarrissement, ou par panneaux. On dit, corne de bœuf, ou corne de vache, quand les ouvertures ou les passages que l’on fait de cette sorte, sont seulement de biais d’un côté.

Ce mot vient de l’ancien Gaulois bihan, c’est-à-dire, de travers.

Biais. Sorte de linge, morceau de toile taillé de biais, que les femmes mettent sur leur gorge. Linteum oblique sectum. Il y a déjà quelque temps que les femmes ne portent plus de biais.

Biais, se dit figurément, des diverses faces dont on peut envisager une chose ; des divers moyens, des divers expédiens dont on peut se servir pour y réussir, des diverses manières de tourner, de regarder une affaire, une entreprise. Ratio, modus. Ce rapporteur a tourné cette affaire de tous les biais pour la faire réussir. Vous avez pris le bon biais, pour toucher son cœur. Mol. Ils l’exclurent par des biais dont on étoit convenu. Rochef, Si vous ne prenez cette affaire d’un autre biais, vous ne réussirez pas. Je ne sais que ce biais là pour vous tirer d’affaire.

De biais, sorte d’adv. qui signifie de travers, de mauvais sens. Obliquè. Il se remue de biais. Ce morceau d’étoffe est coupé de biais. Piqué de biais. Mettre une chose de biais.

On dit en termes de Manège, aller en biais, c’est-à-dire, les épaules avant la croupe. Faire aller un cheval en biais. La leçon du biais au passager. Si les épaules vont avant la croupe, le cheval est en biais, & il a la croupe un peu en dehors. Newc. Mettre le cheval en biais, tantôt à une main, & puis le pousser en avant tantôt à l’autre, & puis le pousser de même en avant, & réitérer cela de main en main & en avant, lui fait obéir la main & le talon, & est une excellente leçon ; mais d’autant qu’il est mis en biais, il faut que les parties de devant aillent toujours avec celles de derrière. Id. Voyez dans le même Auteur, p. 257 & 258, la manière de faire aller un cheval en biais ; faire faire au cheval des courbettes en biais, le mettre au pas en biais, & en courbettes en biais. Id. Pour aller en biais, il faut à toutes mains aider aussi le cheval de la rêne de dehors, & soutenir, c’est-à-dire, le tenir ferme sans lui donner aucun temps ; car le cheval le prend mieux que vous ne lui pouvez donner, & il faut l’aider de la jambe de dehors, c’est-à-dire, qu’il faut que la rêne & la jambe soient du même côté, & toujours en dehors. Id.