Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BETEL ou BETLE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 875).
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BETEL, ou BETLE. s. f. Dans l’Ambassade des Hollandois à la Chine, P. II, Ch. XIII, p. 85, on l’appelle Betelle, ou Betre, & l’on dit que quelques-uns soutiennent que c’est le Malabathrum des Indes, nommé par d’autres Syri-boa, & Tembal, & Pam. Le Traducteur de la Relation de Tunquin du P. Marini l’appelle Betlé, & en tunkin Blaü. Voyez ce qu’il en dit, p. 92.

C’est une plante qui s’attache aux arbres & qui y monte, comme le lierre : ses feuilles sont semblables à celles du citronier, & d’un goût amer : elles ont des nerfs suivant leur longueur, de même que le plantin. Lorsqu’elles sont mûres, elles doivent être de couleur rouge pour être bonnes. Le Betel porte dans les Isles Moluques un fruit entortillé, qui ressemble à la queue d’un lézard ou d’un rat, que les Indiens appellent Suruboa ; ils l’estiment beaucoup plus que la feuille, parce qu’il est plus rare. Il croît dans tous les lieux maritimes de l’Inde. Il croît fort bien aussi aux parties méridionales de la Chine, mais cependant moins bien qu’au pays de Decan, de Guzarate, de Canan, de Bisnagar, & autres des Indes plus tempérés ; car il ne se plaît pas dans les pays trop froids, comme dans la Chine septentrionale, ni dans les pays trop chauds, comme le Mozambique & Sofala Ambass. de Holl. à la Chine. Voyez là-même sa description, &c P.II, p.86. Voyez aussi l’Ambass. du Japon, I, p. 29. Il est bien différent du Malabathrum, ou feuille d’Inde, avec laquelle les anciens Botanistes l’ont confondu.

Les Indiens mangent du betel, le matin, l’après midi, le soir, & même la nuit, & ils en portent toujours entre leurs mains ; mais comme il est amer ils le mêlent avec l’Aréca & un peu de chaux, pour diminuer cette amertume ; & de cette manière ils le trouvent d’un goût très-agréable ; il y en a qui ajoutent du bois d’Aloës, de l’ambre & du musc. Le betel est bon pour affermir les gencives, pour fortifier le cœur & l’estomac, pour dissiper les vents, & sur-tout pour empêcher la puanteur de la bouche, à quoi les Indiens sont fort sujets. C est pourquoi ils en portent toujours avec eux, & se le présentent par cérémonie. Cependant il noircit les dents, & si on en abuse, il les ronge, & les fait tomber.