Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BESOIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 872).
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☞ BESOIN. s. m. Alicujus rei necessitas, penuria. C’est un sentiment désagréable, occasionné par l’absence apperçue, & la présence désirée d’un objet. Il s’ensuit de-là que nous avons deux sortes de besoins ; les uns du corps, qu’on nomme appetits ; les autres de l’esprit, qu’on appelle désirs.

☞ Ce mot, considéré comme appetits ou besoin du corps, a moins de rapport à l’état & à la situation habituelle que ces mots, pauvreté, indigence, disette, mais il en a davantage au secours qu’on attend, ou au remède qu’on cherche. M. l’Abbé Girard, Syn. Il faut que nos soins s’étendent, & que notre cœur se dilate à mesure que les besoins du prochain augmentent. Flech. Les hommes sont liés par une chaîne, c’est le besoin qu’ils ont les uns des autres. Quand on est dans le besoin, c’est à ses amis qu’il faut demander de l’aide ; mais il faut aussi s’aider soi-même, de peur de les importuner. M. l’Abbé Girard, Syn.

☞ Cassendre dans sa Trad. de la Rhét. d’Arist. dit que par le mot de nécessité ou de besoin, on doit entendre tous les désirs de l’appetit sensuel ; mais principalement ceux qui donnent de l’impatience, & qui fâchent toujours lorsqu’on n’a pas la chose qu’on voudroit avoir. Mais ces mots ont plus d’étendue dans notre langue.

☞ On dit, qu’est-il besoin de ; qu’est-il besoin que ; pour dire, qu’est-il nécessaire de, ou que ? On dit aussi avoir besoin, non-seulement dans la signification d’avoir faute, mais aussi dans la signification d’avoir affaire. Comme je ne vous puis pas prêter ce que vous me demandez, j’en ai besoin. Ac. Fr.

☞ On dit proverbialement, on connoît le véritable ami dans le besoin. On dit aussi, besoin fait vieille troter.

Sæpè necesse gravem currere cogit anum.

Besoin ou Besoins, au pl. signifie aussi nécessité naturelle. Il est sorti pour un besoin. Il lui a pris un besoin. Ac. Fr. Faire ses besoins. Aller à ses besoins.