Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BESOGNE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 871).
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BESOGNE. s. f. Travail, occupation à quelque chose que ce soit, opera, labor. Il faut qu’un chacun mette la main à la besogne. L’Avocat a sa besogne, aussi-bien que l’artisan.

☞ On dit aussi de l’ouvrage même qui résulte de ce travail, bonne besogne. Il a gâté la besogne, cette besogne est bien faite. Opus.

En parlant d’un homme qui ne s’applique qu’aux choses de sa vacation, de sa profession, on dit que c’est un homme qui ne songe qu’à faire sa besogne. Ac. Fr.

Besogne faite. s. f. Terme de Manufacture de laine, qui est en usage dans les fabriques de Poitou. Il se dit des serges, étamines, draps, tiretaines, &c. encore en toile, & telles qu’elles sortent du métier, avant que d’avoir reçu aucun aprêt.

Besogne, se dit aussi figurément dans le style simple & familier, de tout ouvrage d’esprit.

Muse, on admire votre besogne,
Mais vous n’avez ni feu ni lieu. Main.

Besogne, dans le même sens, se dit encore de toute affaire importante & embarrassante.

Le séjour de Catalogne
Vous peut tailler de la besogne. Voit.

Besognes. s. f. plur. Hardes qu’on porte avec soi, dont on a ordinairement besoin : il se dit particulièrement des hardes ou besognes de nuit. Sarcinæ, sarcinulæ.

Besogne, se dit quelquefois en style vieux & badin pour chose.

Enfin c’est bien pauvre besogne
Que de belle eau claire entre nous :
A tout hasard garnissez-vous
De quelque baril de Bourgogne.

C’est-à-dire, c’est bien pauvre chose, c’est bien peu de chose. Dans quelque cas que ce soit, ce mot ne peut s’employer que dans le style familier.

Besogne, se dit proverbialement en ces phrases. Il ressemble au Bahutier, il fait plus de bruit que de besogne. Vous nous faites de belle besogne ; pour dire, vous ne faites rien qui vaille. Selon l’argent la besogne ; pour dire, que les ouvriers travaillent selon qu’ils sont payés. Besogne qui plaît est à demie faite. On dit aussi, tailler de la besogne à quelqu’un ; pour dire, non-seulement au propre, lui préparer de la besogne pour travailler, mais aussi au figuré, lui susciter bien des affaires. On dit aussi d’un fainéant, d’un méchant valet, qu’il aime besogne faite, & qu’il s’endort sur la besogne ; pour dire, qu’il travaille nonchalament.

Besogne, se dit aussi d’une espèce de bateau foncet.